Azzaba est de loin l'une des communes les plus aérées de la wilaya de Skikda. Située entre deux grandes agglomérations à vocation industrielle, Skikda et Annaba, elle n'arrive cependant pas à amorcer un développement correspondant à ses aptitudes. D'un côté, elle tarde encore à fructifier au maximum sa vaste plaine, et de l'autre, l'industrialisation qu'elle cherchait à travers des unités du textile et de l'agroalimentaire ne la prémunit guère d'un chômage évident. Des prémices d'un développement s'étaient laissé entrevoir après l'ouverture d'une annexe universitaire (l'œuvre personnelle de l'enfant de la ville, le défunt Ali Mendjeli). Des infrastructures complémentaires étaient aussi venues accompagner cette œuvre et la ville a connu du jour au lendemain un essor considérable. Mais cela risque de ne représenter que la face visible. Car dans le fond, Azzaba est malade. Et gravement même. Et contrairement à ce que certaines appréciations laissent prévoir, la prévalence à Azzaba a plutôt tendance à se concentrer sur les pathologies liées à l'hygiène du milieu. Faisant face aux deux facteurs polluants des plus importants au niveau national (la cimenterie de Hajar Essoud et l'usine de mercure d'Ismael), Azzaba paraît beaucoup plus fragile devant ses propres « malpropretés » que devant ces deux monstres polluants. Selon les données du secteur sanitaire de Azzaba, la maladie la plus évidente et la plus persistante dans la région est... la tuberculose. Elle représente 70 % des maladies à déclaration obligatoire. Enorme ! Les pathologies cancéreuses représentent par contre moins de 2% et sont dans leur globalité liées au type des lymphomes (terme générique pour désigner la prolifération maligne de certains éléments hématologiques). A mentionner à cet effet que le taux des cancers comprend aussi le nombre des malades mentaux et qu'il a été établi exclusivement à la base des consultations effectuées au niveau des infrastructures sanitaires publiques. Il n'inclut pas les données des consultations au niveau d'institutions privées ou publiques des wilayas de Annaba et de Constantine. Donc, un taux certainement en dessous de la moyenne. Mais toujours est-il que la prévalence de la tuberculose mérite une attention particulière. Car selon des sources hospitalières, elle serait essentiellement due aux conditions de vie dans la région. D'ailleurs, il n' y a qu'à voir l'état des routes de Azzaba et des conditions d'hygiène qui prévalent dans ses cités. En plein centre-ville, les chaussées sont carrément défoncées. Elles gardent depuis des mois déjà les résidus des travaux de réfection des réseaux en constituant un immense réservoir de poussière. Les vides sanitaires des cités dortoirs sont constamment débordés offrant ainsi un champ de prédilection pour la prolifération des moustiques et des rats. Un médecin spécialiste du secteur sanitaire de Azzaba évoque à cet effet que « cette situation contraint les citoyens à utiliser, souvent abusivement, les insecticides et autres pastilles. Vu la situation d'exiguïté et de précarité qui caractérise plusieurs agglomérations limitrophes, on révèle malheureusement une nette aggravation des infections respiratoires. Chez les nourrissons (de 0 à 4 ans), à titre d'exemple, on a comptabilisé 9028 sujets présentant des signes d'infection liés aux pathologie respiratoires. Chez les enfants de moins de 15 ans, et sur les 78 673 consultants, 7038 ont présenté les mêmes symptômes ». Une situation que le médecin impute beaucoup plus aux conditions d'hygiène. Par ailleurs, à Azzaba et sur l'ensemble de sa région, l'asthme représente 15% des maladies chroniques, juste après l'hypertension artérielle (50%) et le diabète 27%. Un taux assez grave qui devrait amener les responsables locaux à consolider la prévention et à amorcer une culture hygiénique en garantissant au moins aux citoyens le droit à un milieu sain. Et il serait déjà opportun de commencer, ne serait, que par débarrasser Azzaba de ses poussières. Ce serait déjà un grand acquis.