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M. Ait Amara. Directeur de l'assainissement et de la protection de l'environnement au ministère des Ressources en eau L'invité de la semaine…
« Aucune dépense en énergie électrique »
Comment vous est venue l'idée d'introduire ce procédé en Algérie ? Tout d'abord, il faut rappeler que ce procédé naturel, qui est assez récent, a été expérimenté ces dernières années dans plusieurs pays, notamment en Europe où il a donné de bons résultats. Pour ce qui est de notre expérience pilote réalisée à Temacine, c'est en fait une initiative du ministre qui, suite à une proposition technique émanant d'un bureau d'ingénierie étranger spécialisé justement dans la conception de ce type de procédés naturels, nous a demandé d'examiner sérieusement la faisabilité de cette nouvelle technique écologique chez nous en Algérie. Nous avons aussitôt mis les choses en marche et nous sommes parvenus à lancer le chantier au mois d'avril 2007. Je tiens d'ailleurs à signaler que nous avons pu obtenir le financement d'une partie de ce projet par le biais des services de la coopération Technique Belge que nous remercions pour leur contribution. Quelles sont les plantes utilisées pour cette expérience ? Les plantes qui ont été sélectionnées sont généralement des espèces reconnues pour leurs capacités à vivre dans un milieu saturé d'eau. En plus, nous avons préféré mettre des plantes disponibles dans la région de Temacine et de Touggourt, tels la phragmite, le papyrus à feuille alternée, le laurier, le canna… qui d'ailleurs se sont très bien adaptés. Et pour joindre l'utile à l'agréable, nous avons également mis en place des plantes décoratives, telles que la washingtonia robusta, la musa ornata (le faux bananier)… afin de donner un aspect plus esthétique à ce jardin d'épuration. Il convient d'informer à ce titre que nous avons associé les services de l'INRA afin de nous assister pour ce qui est du choix des plantes ainsi que dans le suivi de la partie botanique du système. Quelles sont les contraintes liées à ce procédé ? La principale contrainte qu'on peut rencontrer dans le cas d'un tel procédé demeure l'espace (terrain), car c'est un procédé qui nécessite une superficie du bassin d'au moins 2 m2 par habitant pour obtenir un rendement épuratoire acceptable. Plus la surface du bassin est importante, c'est-à-dire un temps de séjour de l'eau dans le bassin d'épuration assez long, mieux sera la qualité des eaux épurées, car les plantes auront suffisamment de temps pour fixer et puiser la pollution contenue dans les eaux usées qui transitent par le bassin. C'est pour une raison d'espace qu'il est préconisé d'ailleurs d'utiliser ce procédé pour les agglomérations de petite taille allant jusqu'à 2000 habitants et en particulier dans le milieu rural où la disponibilité de l'espace ne pose pas de problème. Quel est le coût de ce procédé naturel d'épuration ? Cela dépend de la conception même de l'ouvrage (bassin), car le bassin d'épuration peut être réalisé soit en béton armé, soit en maçonnerie, ou même en terre avec une étanchéité en géo membrane. Dans ce dernier cas, le prix serait beaucoup plus bas. Le coût dépend aussi de la capacité de l'ouvrage qu'on va réaliser, selon qu'il soit destiné à une localité de 1000 habitants ou 2000 habitants. De toutes les façons, le coût d'un tel projet est deux à trois fois inférieur à une station d'épuration mécanique où les équipements électromécaniques à eux seuls représentent la moitié de l'investissement. S'agissant de notre projet pilote, le coût global de l'opération est estimé à 8 millions de dinars (étude et travaux). Est-il plus rentable que le système d'épuration électromécanique ? Sur le plan économique, c'est un système qui est de loin moins onéreux que le procédé électromécanique, surtout pour son entretien et son exploitation qui ne nécessitent aucune dépense en énergie électrique ni en produits chimiques si ce n'est qu'un petit entretien périodique des plantes. Pour ce qui est des performances de ce procédé, je dois vous dire que la qualité d'épuration de ce type de procédé n'a rien à envier à celle des stations mécaniques et cela a été vérifié à travers les analyses que nous avons effectuées par le biais de l'Office national de l'assainissement qui est chargé de la gestion de ce système pilote. Ce procédé sera-t-il réalisé à une échelle réelle dans l'avenir ? Tout à fait. C'est notre objectif. Compte tenu des performances démontrées par ce type de procédé à travers les résultats préliminaires obtenus par ce système pilote, le secteur des ressources en eau dans le cadre de sa politique visant la protection des ressources hydriques et de l'écosystème en général compte dans l'avenir élargir cette technique d'épuration à d'autres régions du pays, notamment pour les petites agglomérations de moins de 2000 habitants.