L'on a failli en arriver aux mains hier au village Agouni Arous, dans la daïra de Beni Douala, wilaya de Tizi Ouzou. Tizi Ouzou. De notre bureau Le recueillement organisé sur la tombe de Guermah Massinissa, première victime du printemps noir, ne s'est pas déroulé dans l'ambiance d'antan. Et pour cause, la cérémonie a dû être écourtée afin, sans doute, de parer à toute éventualité. Des hostilités fusaient de partout dans la foule qui est loin d'être semblable à celle des années écoulées. L'on a assisté beaucoup plus à une tribune de règlements de comptes. D'ailleurs, d'emblée et avant le début de la cérémonie, l'atmosphère paraissait tendue dans la mesure où des divergences étaient déjà perceptibles. Une délégation conduite par Belaïd Abrika et Ali Gherbi n'a eu que le temps de déposer une gerbe de fleurs sur le tombeau de Massinissa, et ce, avant de se « volatiliser » après l'arrivée d'un groupe de la coordination de Tizi Ouzou, à sa tête un autre délégué de la CADC, Yazid Kaci en l'occurrence. Ce dernier ne cessait de scander « Ulac smah ulac », « Pouvoir assassin », « Jugez les gendarmes » ou encore « Non aux traîtres », tout en pointant du doigt la délégation de Belaïd Abrika. Appréhendant à coup sûr un affrontement entre les deux parties, Khaled Guermah, père du défunt, qui a refusé aux présents des prises de parole pour éviter certainement tout débordement, dira, en vue d'apaiser les esprits, à l'égard de la foule : « Le combat, c'est de créer un climat d'union et de fraternité pour faire valoir nos revendications. Il faut essayer de s'unir pour le bien-être de la Kabylie et pour le bien-être de l'Algérie. Je militerai jusqu'à la dernière minute de ma vie. Moumouh est mort. Il y a aussi 126 morts derrière lui. Il y a également des milliers de blessés. Malgré l'intox, la propagande et la démobilisation, moi je suis toujours résistant. » Pour sa part, Farès Oudjedi, délégué de Béjaïa, a déclaré : « On voit comme si l'intérêt n'est pas le même. Encore, si c'est pour défendre ses idées, ce n'est pas le lieu car on vient ici chaque 18 avril par devoir de mémoire d'abord, de se rappeler. Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé. » Enfin, de son côté, Belaïd Abrika estime : « Nos revendications ne sont pas satisfaites tant que les bourreaux et les assassins de nos martyrs ne sont pas jugés. » « Voilà sept ans qu'on a perdu le goût à la vie. On n'oubliera jamais et on ne cessera pas de se battre. Il y a des actions en perspective, c'est une question de temps seulement », a-t-il ajouté.