Ali Yahia Abdenour et maître Bouchachi ont animé jeudi dernier, en présence d'un public nombreux, une conférence-débat à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou sur les droits de l'homme. D'emblée, les conférenciers, qui ont estimé que l'ensemble des lois et conventions qui ont été ratifiées par l'Algérie n'ont pas été respectées et appliquées. « Je ne crois pas qu'il y a eu une évolution positive dans le domaine des droits de l'homme en Algérie. Au contraire, la situation a régressé », a déclaré maître Bouchachi, président de la LADDH, désapprouvant ainsi la récente intervention du chef de la diplomatie algérienne, M. Medelci, devant le conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. « Sous prétexte du terrorisme, le citoyen algérien ne peut pas jouir de ses droits, de ses libertés individuelles et de choisir librement ses représentants », a-t-il enchaîné. Sur le même sujet, maître Ali Yahia, président d'honneur de l'organisation, a relevé des contradictions dans le discours officiel à propos de l'éradication du terrorisme. « On nous parle d'un terrorisme résiduel alors que c'est par ce phénomène que le pouvoir a réussi à maintenir l'état d'exception. On assiste plutôt à un état de siège dont souffre la population. » Il remarque aussi que cet état d'exception, qui dure depuis 16 ans, « est maintenu contre le peuple algérien qui n'a pas le droit de manifester ou de faire des réunions publiques », citant l'exemple des dernières manifestations des syndicats autonomes qui ont été réprimées. Abordant la question de l'amazighité, l'orateur est remonté dans l'histoire pour chercher ses origines dans la crise berbériste de 1949, expliquant que l'Algérie cherche toujours son identité. « Le combat pour l'amazighité a été véhiculé depuis plusieurs années, alors il doit aboutir. Et à l'Etat d'œuvrer afin de promouvoir tout ce qui la représente », insiste-t-il. Concernant l'amendement de la Constitution, l'orateur a estimé qu'elle est une « méprise contre le peuple. L'adoption d'une nouvelle Constitution doit être déterminée par l'évolution de la société. Est-ce qu'une société peut faire des mutations chaque 9 ans ? », s'est-il interrogé