Le secrétaire général des Nations unies vient d'adresser au Conseil de sécurité un nouveau rapport sur le conflit du Sahara-Occidental, et ce, à l'approche de l'examen périodique qu'en fait cette instance depuis la mise en œuvre, en septembre 1991 du plan de paix de l'ONU. Et le bilan, comme les précédents, peut se résumer en quelques mots : absence de progrès, ou pour être plus juste et plus précis, c'est le blocage dû à une seule partie, le Maroc, qui empêche l'application du plan en question qu'il avait lui-même approuvé. Mais, avant même de déposer ce rapport, M. Ban Ki-moon a rappelé une évidence et aussi une vérité, en faisant dans un texte qu'il vient de signer, l'énumération des territoires non autonomes. Il y en a seize, dira-t-il, et parmi eux, le Sahara-Occidental où, ajoutera-t-il, la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara-Occidental (Minurso) se consacre à l'organisation d'un référendum dans ce territoire. Dans cette même déclaration, il indiquera que « si le rôle de facilitateur des Nations unies dans le processus de décolonisation est un des moments de grande fierté de l'histoire de l'organisation, ce chapitre n'est pas encore achevé ». Un tel rappel est extrêmement important pour ceux qui veulent dessaisir l'organisation internationale. En ce qui concerne le Sahara-Occidental, il déclarera à l'adresse des quinze membres du Conseil de sécurité, que lors du quatrième cycle de pourparlers tenu « en application des résolutions 1754 (2007) et 1783 (2007), les parties ont réaffirmé leur attachement au processus de négociations et à la mise en œuvre des résolutions ». Toutefois, M. Ban Ki-moon relèvera que ce cycle est intervenu après la déclaration du souverain marocain qui ne veut rien d'autre que « l'autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine », alors même que la résolution 1754 demandait la tenue de négociations en vue d'une solution dans le cadre de l'autodétermination du peuple sahraoui. De son côté, le Front Polisario qui a accepté le principe de ces négociations a fait savoir que le statu quo n'était pas une solution, et que la reprise des armes n'était pas exclue. Ce qui, d'une certaine manière, a été relevé par le secrétaire général de l'ONU, en soulignant dans son rapport que « l'élan (des négociations, ndlr) ne pourra être ainsi maintenu que si les deux parties s'efforcent de trouver un moyen de sortir de l'impasse en faisant preuve de réalisme et de compromis. J'estime — et c'est je crois l'avis de la communauté internationale — que le renforcement du statu quo n'est pas acceptable et ne saurait constituer l'issue des négociations en cours ». Après un tel constat, place comme d'habitude aux recommandations. Ban Ki-moon en fait une seule : « Je recommande, dira-t-il, au Conseil de sécurité, de demander de nouveau aux parties, le Maroc et le Front Polisario d'engager une phase de négociations plus intense et portant davantage sur les questions de fond. Je recommande aussi que ce faisant, le Conseil engage les parties à négocier sans aucune condition préalable. Mon envoyé personnel s'est déclaré disposé à présenter aux parties et au Conseil de sécurité un exposé sur la voie à suivre. » Tel que présenté et dans ses différentes articulations, le rapport réaffirme le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. C'est ce que l'ONU fait depuis les années soixante quand elle a déclaré que la résolution 1514 de 1960 relative aux territoires et aux peuples coloniaux, était applicable au Sahara-Occidental. Et c'est ce qu'elle rappelle avec beaucoup de constance, malgré les pressions. La persévérance de l'ONU s'est avérée payante dans de nombreux cas. Mais l'organisation internationale est en droit de mettre en œuvre d'autres moyens pour honorer ses engagements.