Sétif accueille, cette année, l'inauguration officielle du mois du patrimoine, qui se déroule entre le 18 avril (journée mondiale des monuments historiques) et le 18 mai (journée mondiale des musées). Le thème retenu pour cette édition 2008 est « Sétif à travers les objets conservés dans les musées ». Les huit musées nationaux participeront à la manifestation. Amel Soltani, chef du département de recherche au musée des antiquités d'Alger, déclare : « Chaque année, une ville est choisie pour lancer la célébration du mois du patrimoine. Cette année, Sétif a été sélectionnée. Tous les musées participeront par des expositions-photos d'objets touchant à l'Histoire de Sétif, qui sont conservés dans leurs vitrines. C'est la 1ère exposition en commun des huit musées nationaux d'Algérie ». Les directeurs des établissements étaient tous présents à la cérémonie d'ouverture du mois du patrimoine, qui se déroule sous le haut patronage de la ministre de la Culture et du wali de Sétif, ainsi que les autorités locales et des représentants du ministère de la culture. Une exposition comprenant des œuvres du peintre Emile Aubry, des maquettes de Sétif et de Béjaïa à l'ère islamique, des objets préhistoriques, des livres et des manuscrits du Coran, des outils… a été ouverte par les officiels. Au programme de la manifestation, qui doit durer un mois, des projections de films auront lieu chaque lundi au profit des différentes catégories de la société civile. La valise muséale sillonnera les différents établissements scolaires des trois cycles. Une autre valise muséale parcourra les wilayas de Béjaïa, Blida, Jijel et Skikda, selon Chérif Riache, directeur du musée national de Sétif. Durant les 2e et 3e semaines, des expositions-photos, ayant pour sujet les sites classés universels par l'Unesco, notamment la Casbah d'Alger, Timgad, Tipaza, la Kalaâ des Beni Hamed, Djemila, la Vallée du M'zab et le Tassili, seront organisées au niveau du musée de Sétif. Des conférences présenteront la région de Sétif, de la préhistoire à l'époque islamique, ou encore L'Histoire des musées d'Algérie et du monde. De nombreuses sorties sur site sont aussi inscrites au programme. La directrice du musée des Beaux-arts, Dalila Orfali, annonce : « Comme l'année 2007 a été une année très chargée en expositions, nous avons choisi, pour l'année 2008, d'axer notre activité sur le public que l'on doit faire profiter des richesses que contiennent nos musées. Au musée des Beaux-arts, nous travaillons à améliorer la signalétique utilisée ; nous organiserons des ateliers de peinture pour les enfants, et nous produirons des publications ». La clôture du mois du patrimoine se fera, selon certaines indiscrétions, dans le sud de la wilaya, en plein air, sur les hauteurs de Ouled Si Ahmed. Notons, par ailleurs, que l'entretien et la réhabilitation d'une bonne partie du patrimoine de la région regorgeant de vestiges ne sont toujours pas à l'ordre du jour. Le tombeau de Scipion l'Africain, profané par l'incivisme des uns et l'abandon des gérants du patrimoine, est l'exemple parfait du gâchis. Entouré par le béton d'une cité « résidentielle », le monument en question est non seulement livré aux aléas du temps, mais exposé, sans aucune défense ou protection, aux agressions de l'homme, qui méconnaît la valeur historique et « civilisationnelle » d'un tel site, protégé, gardé et sauvegardé, s'il était sous d'autres cieux, où le patrimoine est une industrie, source de devises fortes. La célèbre Aïn Fouara, qui va mal depuis le sinistre attentat d'avril 1997, souffre en silence, et attend l'utopique restauration, toujours pas d'actualité. La situation des autres sites des Hauts-Plateaux n'est guère reluisante. Dire que ceux-ci sont des « gisements » de vestiges de civilisations anciennes qu'on « déterre » une fois par an. Kamel Beniaiche, N. L.