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La délicate surveillance des frontières
Nos reporters reviennent de l'extrême Sud-Est du pays
Publié dans El Watan le 05 - 12 - 2004

Quarante-deux ans après l'Indépendance, le bornage des frontières entre l'Algérie et la Libye n'est pas encore fait. En l'absence d'un tracé officiel, les gardes-frontières algériens sont confrontés à un véritable casse-tête. Risque de bavures, face à leurs imprévisibles homologues libyens, qui n'est pas à écarter.
Guelta de oued Lhedjar, zone de Tinalkoum. A 220 km du chef-lieu de la daïra de Djanet (située à près de 2200 km au sud d'Alger). A trois kilomètres et demi des terres libyennes. Le poste avancé des gardes-frontières algériens de Tinalkoum est loin de 20 km, celui de Takisset de 140 km. Nous sommes au cœur du néant. Au milieu du désert, entre les forêts de pierres et les dunes de sable. La guelta, un vague espace rocheux, ressemble, la nuit tombée, à un paysage sélénite. Il dispose d'un lac. Après un circuit de deux jours, en compagnie des éléments du 5e commandement des gardes-frontières avec, à leur tête, le commandant Ali Ouelhadj Yahia, nous nous sommes arrêtés à ce point très prisé par les touristes, qui viennent souvent de la Libye. Les Libyens, quand ils entrent dans cet espace, se comportent comme s'ils étaient sur leur sol, alors qu'il s'agit d'un territoire algérien. Pour les militaires libyens, cette zone leur appartient. Ils font fi, donc, des « avis de réciprocité ». Jeudi 2 décembre. Vers 8 h. Alors que nous nous apprêtions à quitter cette zone pour continuer notre périple dans le grand Sahara du Tassili n'Ajjer, un groupe de militaires libyens en compagnie d'une mission de la Commission européenne, chargée d'étudier le phénomène de l'immigration clandestine en Afrique du Nord, avance en titubant. Conduit par le général major Hacène El Kasseh, directeur de la sûreté générale, ainsi que par des officiers supérieurs de différents services combinés libyens, il entre dans le territoire algérien sans passer par le poste frontalier. Le commandant Ali Ouelhadj Yahia, chef du 5e groupement des gardes-frontières algériens, les arrête. Le général major explique la mission de cette délégation venue en Libye et qui se retrouve dans un territoire algérien sans que l'Algérie soit avisée auparavant. « Nous voulons nous rendre à la guelta pour montrer à nos amis européens le point d'eau », explique-t-il au commandant. Ce dernier demande au général s'il a une autorisation des hautes autorités algériennes lui permettant d'entrer dans ce territoire algérien. Il aura une réponse négative. Le commandant leur explique d'une manière diplomatique qu'ils ne peuvent pas entrer dans cet espace. Les services de sécurité libyens insistent. Pour eux, ce territoire fait partie de la carte géographique de leur pays. Ainsi, une prise de bec a lieu pendant quelques minutes. Grâce à la fermeté du commandant, la délégation a rebroussé chemin, dans le calme, sans que se produise un incident grave. Ce genre de situation se répète à longueur d'année. C'est pour cela que le commandant recommande beaucoup de vigilance à ses troupes. Oued Lehdjar est situé dans la zone conflictuelle qui commence d'Anaï jusqu'à Tinalkoum. Sur cette bande, c'est la confusion totale. Personne ne sait exactement où se terminent les terres algériennes ni où commence le territoire libyen. La Libye réclame toujours cette partie, vu sa position stratégique. Pourquoi ? Pour la simple raison qu'il n'y a pas de bornes kilométriques définissant les limites territoriales de chacun des deux pays « frères ». Deux commissions onusiennes sont venues auparavant pour sceller la question des frontières entre les deux nations, mais les autorités libyennes ont trouvé des subterfuges pour la reporter. Cela arrange certainement les Libyens, car ils franchissent nos frontières sans passer par les voies réglementaires. Et lorsque nos gardes-frontières les arrêtent, ils arguent qu'il s'agit tantôt d'un territoire libyen, tantôt de terres communes entre les deux Etats. Le commandant du 5e groupement des gardes-frontières, Ali Ouelhadj Yahia, qui est en tournée à travers toute la bande frontalière algéro-libyenne, évoque les difficultés que rencontrent ses éléments sur le terrain litigieux. Pour renforcer la sécurité sur cette bande de plus de 200 km, l'escadron d'Arrikine fait sans cesse des patrouilles, de jour comme de nuit. Il est sur le qui-vive. Jusqu'à présent, une bonne partie des frontières algéro-libyennes sont du domaine de l'inconnu, du moins d'une manière concrète. Les deux pays n'ont pas encore ratifié définitivement la convention portant limites frontalières.
Mission délicate
Faisant quotidiennement la navette entre le poste avancé (en construction) du col d'Anaï et celui de Takisset, passant par Tinalkoum, les éléments des gardes-frontières jouent au chat et à la souris avec les Libyens. Ces derniers tentent souvent de franchir les frontières, n'était la présence efficiente des vigiles du 5e groupement. La veille. Mercredi 1er décembre. Après une visite effectuée au poste avancé du col d'Anaï (hérité de l'ANP en 1991), nous prenons le chemin de Takisset. Le poste avancé des gardes-frontières libyens n'est pas loin d'ici. Il est à deux kilomètres. Nous prenons la piste qui est située dans un territoire commun, comme disent les hommes de Maâmar El Kadhafi. Vers 11 h, nous quittons le poste avancé pour rallier Takisset. Les deux 4X4 de type Toyota, à bord desquels nous sommes montés, roulent à grande allure au milieu d'un vaste terrain sablonneux, parfois rocailleux. Subitement, une Toyota de type Station nous suit. Trois « types » pointent leurs kalachnikovs sur nous. Nous nous arrêtons brusquement : ce sont finalement les six éléments du poste avancé des gardes-frontières libyens. En civil, ils ressemblent à une bande de trafiquants. Seule une invisible mention portée sur leur véhicule indique qu'ils ne le sont pas. Ils reprennent ainsi le chemin du retour. Nourredine, l'un des chauffeurs, nous dit qu'ils sont « imprévisibles ». En juillet dernier, ils ont tué deux clandestins nigérians de sang-froid. Leurs tombes sont encore visibles dans ce milieu désertique. Sur le chemin de Takisset, nous passons dans un couloir algéro-libyen. Nous pouvons distinguer l'Algérie de la Libye grâce à la couleur des ergs. L'erg de couleur jaune représente les terres algériennes, celui de couleur rouge appartient à la Libye. Après près d'une heure de route, nous arrivons dans la région historique appelée Issiguène, sur les frontières algéro-libyennes. Elle est gravée dans l'histoire suite aux événements du 5 octobre 1956, où les deux populations algérienne et libyenne ont participé main dans la main à la révolution contre le colonialisme français. Quelques vestiges, notamment des camions calcinés, sont encore visibles au milieu de l'immensité des dunes. Encore deux bonnes heures pour arriver à notre destination. A oued Loughzel, il ne reste que le nom. La gazelle, animal qui a longtemps résisté à l'instinct incontrôlé des « chasseurs » libyens, est pratiquement exterminée. Des douze races, il ne reste qu'une seule. C'est une véritable saignée. Nous avons rejoint le point de ralliement vers 19h. Ainsi, le poste avancé de Takisset opère des patrouilles de long circuit, parfois de 200 km. Il sécurise tout l'espace allant jusqu'au col d'Anaï. Les différentes équipes travaillent sans relâche. Vu l'immensité du territoire qui est, en sus, très hostile, la mission des gardes-frontières est loin d'être une mince affaire. Il est très difficile, voire impossible de contrôler l'ensemble de la bande frontalière, n'était le sacrifice des hommes en vert. L'Algérie a quelque 740 km de frontières avec la Libye dont 410 dans la daïra de Djanet. Une immensité territoriale qui équivaut au double de la Suisse, qui nécessite beaucoup de moyens humains et matériels.


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