Le 27e Festival du film d'Istanbul a montré 200 films dans de multiples sections, nourries par les recherches de la dynamique Azize Tan, directrice du festival, et vient de s'achever sur un palmarès de qualité qui privilégie la production nationale, qui s'est montrée à la hauteur. Le grand prix (Tulipe d'or) de la section internationale a été décerné au film Yumurta (œuf) du réalisateur Sémih Kaplanoglü, qui a reçu aussi le prix du public. C'est le portrait émouvant d'un poète mystique et rêveur, Yussuf, de retour dans son village natal à l'occasion de l'enterrement de sa mère. Il voit de nouveaux thèmes de méditation poétique s'ouvrir devant lui lors de ce retour au bercail. Le même jury international a remis un prix spécial au cinéaste allemand Dennis Gensel auteur de The Wave. Il y avait au total douze œuvres en compétition internationale. Compétition nationale : le prix du meilleur film turc, prix aussi de la presse internationale (Fipreci), a été décerné au premier long métrage de Seyfi Téoman (30 ans) pour Tatil Kitabi (livre d'été), portrait d'un enfant de 10 ans face à la brutalité de son père. Dervis Zaïm a reçu le prix du meilleur réalisateur. Ayça Damgaci est sacrée meilleure actrice et Serhat Tutumler meilleur acteur. Le Festival d'Istanbul est le meilleur tremplin pour le cinéma turc, plus connu que les manifestations d'Ankara et d'Antalya. Il est organisé par la Fondation pour l'art et la culture qui a son siège dans la fameuse artère Istiklal Cadési d'Istanbul. Tous les ans, c'est le grand palace Marmara qui accueille les invités du festival, qui est relié par de nombreux médias internationaux. En plus du programme chargé des projections, le festival organise aussi des master classes, des concerts, des expositions. Sans compter les soirées de gala, les virées sur le Bosphore, les visites aux superbes mosquées d'Istanbul... Le cinéma turc, dont la production actuelle (50 films par an, sans compter la vidéo) est dix fois supérieure à ce qu'elle était dans les années 1970, compte un public nombreux qui préfère les œuvres populaires et patriotiques nationales aux films américains. Un film récent, Irak : la vallée des loups, a fait un chiffre phénoménal d'entrées : 4 millions et demi de spectateurs ! Mais le cinéma turc d'auteur a aussi ses représentants : Nuri Bilge Ceylan, Zaki Demirkubuz, Dervis Zaïm, Reha Erdem et Fatih Akin (germano-turc), primé l'an dernier à Cannes pour son beau film De l'autre côté de la vie, avec Hanna Shygulla.