Fidèle à sa jeune tradition, le 4e Festival du film de Dubaï a projeté sur ses écrans le meilleur cinéma arabe actuel. Le terme « crise » ne s'impose plus dans le contexte de la production de beaucoup de pays arabes : le comité de sélection du Festival de Dubaï a reçu un nombre important de films de l'année 2006 : 50 films longs métrages de fiction, 76 documentaires et 112 courts métrages faits dans plusieurs pays entre autres l'Algérie, la Palestine, l'Egypte, le Liban, la Tunisie, la Jordanie, le Maroc, l'Arabie Saoudite, la Syrie sans compter les nouvelles productions des Emirats. Il fallait prendre en compte 12 productions pour chaque section consacrée au cinéma arabe : compétition long métrage, court métrage, Arabian Night. La tâche de la sélection n'était pas facile, quasiment tous les films étaient de bonne qualité. Un consensus rigoureux, pas diplomatique comme à Carthage ou à Damas, a abouti à la programmation d'un lot de films arabes parfaitement maîtrisés. La compétition était rude dans la section long métrage entre La Maison jaune (Algérie), Alwane Al Sama (Egypte), Akhir Film (Tunisie), La Graine et le Mulet (Tunisie), Taht Al Qasf (Liban). Finalement c'est ce dernier film de Philippe Aractingi qui a décroché le grand prix Muhr doté de 50 000 dollars. Les salles du festival n'ont pas désempli. Le ticket coûtait 25 dirhams. Moins pour les jeunes et les étudiants. Le programme était réparti entre Madinat Arena, Madinat Theatre, Cinestar, Cineplex du Grand Hyatt et l'amphithéâtre de Dubaï Medina Center, lieux ultra accueillants avec des équipements très modernes. Quel privilège de voir des films dans un environnement aussi magnifique ! Ce qui prouve qu'à Dubaï il y a une envergure culturelle sans commune mesure avec ce que nous voyons en Algérie... Particulièrement brillant, remarquable, le cinéma libanais a acquis au Festival de Dubaï une grande résonance, une reconnaissance du public aussi bien que du jury. Après Taht Al Qasf, on a vu Khalass de Borhan Alaoui, Anissat, Nisa'à, Mouwatinat (demoiselles, femmes, citoyennes), un beau film de Mahmoud Hojeij. Et bien d'autres dans les autres sections. Autant d'évocations du temps d'espoir et d'incertitude que vit le Liban aujourd'hui. On ne le redira pas assez : le cinéma libanais approche aujourd'hui la perfection et fait honneur à tout le cinéma arabe. A Dubaï tout comme au Caire, au regard de ce qui se fait à Beyrouth, on a senti chez les cinéastes pour la plupart jeunes une grande sensibilité, un vrai talent et une recherche visuelle magnifique. Comme sur Caramel à Cannes, des distributeurs se sont précipités sur les plus récentes productions libanaises. Au Festival de Dubaï, l'état des lieux du cinéma indien n'était pas mal non plus. 800 films par an en 39 langues : c'est quasiment incroyable. Et pourtant, c'est la stricte réalité de l'industrie cinématographique de la plus prolifique de la planète. Le cinéma indien est fait de films sophistiqués produits à Calcutta, au Bengale et à Trivandrum au Kérala. Mais aussi de films spectaculaires de Bollywood qui tiennent l'affiche face aux films américains. Ainsi que des films de la diaspora indienne à l'étranger comme Mira Nair qui montrait son film contre le sida, aux côtés d'autres productions signées Santosh Sivan, Vishal Bharadwaj et Farhan Akhtar. Dans l'ambiance très multiculturelle du Festival de Dubaï, on a vu aussi des films africains venus du Mali, du Zaire, du Nigeria et de l'Afrique du Sud. Par contraste au cinéma de l'Inde prolifique, le cinéma africain a peine à survivre et c'est heureux qu'il s'exporte jusqu'à la région du Golfe arabo-persique sans pour cela choisir le camp du cinéma commercial.