Le gouvernement israélien a estimé, hier, que la proposition de trêve de six mois du Hamas à Ghaza, puis en Cisjordanie, n'était pas « sérieuse du tout ». Ghaza : De notre correspondant Le mouvement islamiste Hamas, ayant acquis une grosse majorité aux dernières élections législatives palestiniennes grâce à des slogans appelant au changement et à la lutte armée (el djihad) contre l'occupant sioniste, vient de déclarer qu'il était prêt, dans un premier temps, à une trêve de 6 mois dans la seule bande de Ghaza qui sera par la suite étendue à la cisjordanie. « Le mouvement a trouvé un accord sur une trêve dans la bande de Ghaza (...) pour une durée de six mois, période pendant laquelle l'Egypte s'efforcera de travailler à l'extension de la mesure à la Cisjordanie », a déclaré Mahmoud Ezahar, l'un des hommes les plus influents du mouvement islamiste, à l'issue de négociations, au Caire, avec Omar Soleimane, chef des renseignements égyptiens, lisant un communiqué rédigé par le Hamas. Le mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007, après un coup de force contre les institutions militaires et civiles de l'Autorité palestinienne, mais dont certains dirigeants vivent en Cisjordanie occupée, insistait précédemment pour qu'une trêve s'applique simultanément dans les deux territoires. Les seules exigences du mouvement sont l'arrêt par Israël du blocus imposé à la bande de Ghaza, l'ouverture de tous les terminaux frontaliers et l'arrêt des opérations militaires israéliennes dans ce territoire minuscule, enclavé entre la mer Méditerranée, Israël et l'Egypte. Le gouvernement israélien a estimé hier que la proposition de trêve de six mois du Hamas à Ghaza, puis en Cisjordanie, n'était pas « sérieuse du tout ». Il a accusé le Hamas de vouloir utiliser cette période d'accalmie pour mieux se réarmer. Le moins que l'on puisse dire est que c'est peu de choses pour un mouvement qui exigeait, il y a peu de temps, la libération de l'ensemble de la Palestine historique. Le président palestinien, qui ne cesse de réclamer un Etat indépendant, viable sur l'ensemble des terres palestiniennes occupée en 1967 avec la ville sainted'El Qods comme capitale et un règlement juste, selon les conventions internationales, de la question des réfugiés, a toujours été accusé par ce mouvement d'être un collabo au service des Israéliens. Se sont-ils enfin rendu compte de la justesse de la vision de M. Abbas qui a déclaré à maintes reprises que les roquettes artisanales tirées contre le territoire de l'Etat hébreu à partir de Ghaza sont dénuées de tout bénéfice et n'aident nullement le peuple à recouvrer ses droits. En effet, ces tirs de roquettes, des milliers, n'ont entraîné que de faibles dégâts matériels et humains du côté israélien mais, par contre, ont été un prétexte à des incursions de l'armée israélienne dans plusieurs localités de la bande de Ghaza qui se sont soldées par le massacre de centaines de Palestiniens et des dégâts matériels énormes. En tous les cas, le président Abbas, qui n'a jamais changé de message ni de position vis-à-vis de sa vision du règlement final de la question palestinienne, qui ne l'a jamais minimisée à l'ouverture d'un terminal ici et là, ni à une levée de blocus, poursuit la même mission en parlant le même langage dans la capitale américaine où il était mercredi et jeudi en visite officielle. « J'ai assuré au président Abbas qu'un Etat palestinien est une haute priorité pour moi et pour mon Administration, un Etat viable qui ne ressemble pas à un gruyère », a déclaré le président Bush à l'issue de leur entretien. Le mouvement islamiste Hamas, qui a gagné démocratiquement les élections législatives et qui se veut, non comme partenaire aux différentes factions palestiniennes, mais en remplacement d'elles, ne peut continuer sur la même voie. Par son putsch armé, il a entraîné une grande déchirure au niveau de la société palestinienne qui a besoin d'union comme jamais auparavant. Si l'avenir du peuple palestinien et sa cause juste lui importent, il doit œuvrer à remettre de nouveau sa main dans celle de ses frères. Il lui suffit tout simplement de revenir sur les résultats du coup de force. Sur le terrain, un militant des Saraya El Qods, la branche armée du Djihad islamique, l'autre mouvement radical palestinien, a tué deux Israéliens, près de Toulkarem, en Cisjordanie occupée. Le cycle de la violence est loin d'être terminé.