Le coup d'envoi du Festival du théâtre professionnel a été donné, jeudi soir, au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès en présence d'un public nombreux. En préambule, le commissaire du Festival, Hacen Assous, a tenu à rendre hommage aux comédiens du Masrah Echaâbi (théâtre populaire) ainsi qu'à tout ceux et celles qui ont été du voyage avec l'Action culturelle des travailleurs (ACT), une troupe de théâtre fondée en 1970 par Kateb Yacine, sous l'égide du ministère du Travail. « Le monde reste redevable aux artistes qui s'éclipsent souvent dans une grande indifférence. Aujourd'hui, nous rendons hommage à des artistes qui ont, de tout temps, fait barrage à la médiocrité et préserver le vaste empire du beau à travers leurs œuvres artistiques inépuisables », a-t-il déclaré. « Le théâtre est et restera, a-t-il ajouté, le créneau qui se prête le mieux pour la promotion des arts. » La cérémonie d'ouverture offrira également l'occasion d'honorer neuf artistes en guise de reconnaissance à leur contribution à la promotion de la culture et des arts dramatiques. Il s'agit de Saïm El Hadj, Saïm Lakhdar, Mohamed Hbieb, Fadhila Assous, Mahfoud Lakroun, Aït Mouloud Youcef, Issad Abdelkader dit Chipa, Ismaïl Habbar et M'hamed Benguettaf. Très ému par le sentiment de gratitude que lui ont réservé les professionnels des tréteaux, Mahfoud Lakroun s'est dit heureux d'être honoré à l'occasion de cette manifestation, soulignant qu'il est temps d'« encourager les jeunes talents à réinvestir l'art théâtral ». Juste après, une scène mi-loufoque, mi-tragique donne le ton de ce que sera Arrêt fixe, pièce mise en scène par Azzedine Abbar. Une pièce à interprétation. Un vrai monologue dans un faux duo. Une histoire qui repose sur deux personnages, un prisonnier et un geôlier, dont le besoin de s'exprimer prend vite le dessus. Les comédiens Takhrisst Réda et Djerrour Rachid plongent tout aussi vite dans un exil mental, tout en s'accommodant de leur condition carcérale. Une intimité se crée alors entre le geôlier, devenu prisonnier du prisonnier dans une scénographie très dépouille : un lit superposé, un jeu de dames, des pions en bouchons de liège, des barreaux élastiques et une confusion consensuelle. La pièce Arrêt fixe donne à voir par sa construction très habile et par ses dialogues vivants et forcément révoltés, quoique taillés sur mesure. « Comme le texte est vraiment dense en arabe populaire, j'ai opté pour une scénographie dépouillée afin de recréer l'atmosphère carcérale », confie le metteur en scène à la fin du spectacle.