Le photographe Halim Zenati expose, depuis mercredi dernier, une trentaine de photographies réalisées en couleurs et en noir et blanc, à l'espace Noûn. Ces clichés exposés ne sont en fait qu'une infime partie de l'inommbrable et dense répertoire de Halim Zenati que l'on retrouve dans un très beau livre intitulé Salut l'artiste, paru dernièrement aux éditions Dalimen. La qualité de la présentation des photographies permet d'utiliser cet ouvrage comme un formidable support pour un cours d'histoire, consacré aux figures de proue de la culture algérienne. Un petit tour d'horizon suffit de mesurer le talent de l'artiste. Ses photographies regorgent d'émotions. Halim Zenati livre des images d'une grande fraîcheur montrant des artistes et des écrivains ayant révolutionné la culture algérienne. Parmi ces personnages, nous retrouvons entre autres Tahar Djaout, Azzeddine Medjoubi, Anouar Benmalek, Sirat Boumediene, Mohamed Fellag, Idir, Maïssa Bey, Lili Boniche. Le photographe Halim Zenati s'évade parfois et se laisse aller à quelques clichés complices, comme ces scènes de Waciny Laredj et de Abdelkader Djamaï ou encore de Hasna Becharia et de Kamel Zekri. Immortaliser l'ensemble de ces personnages est un devoir de mémoire pour le photographe. « Tous ces artistes méritent qu'on leur rende hommage : ils sont l'Algérie. Cet hommage leur revient de droit, d'autant que certains ne l'ont pas reçu dans leur propre pays. Accordons-leur une standing ovation en prime. Ces artistes n'ont jamais été aussi prolifiques que pendant ces années de sang. Ils n'ont jamais été aussi présents face à la terreur et ce, parfois au prix de leur vie », mentionne-t-il dans la préface de son livre Salut l'artiste. Ingénieur agronome de formation, Halim Zenati est un photographe autodidacte. Il découvre le domaine de de la photographie à l'âge de 20 ans. Après deux expositions à Alger, il s'installe en France en 1984 où il décroche un doctorat en informatique et communication. Il se met dès lors à son compte en tant que photographe. Il décide de s'installer à Grenoble. « Durant, tout ce temps, dit-il, je ne cessais de fixer sur ma pellicule, avec boulimie, les mouvements de ma propre société. En fait, mon terrain était l'Algérie et mon laboratoire photo, la France ». Situation sécuritaire oblige, il met sa carrière de photographe en veilleuse. La perte cruelle de ses amis l'a marqué à jamais. Il passe environ six mois par an en Algérie pour plusieurs séjours afin d'engranger le maximum de choses qui allaient disparaître. En 2001, il participe à la publication d'un livre sur l'œuvre d'un plasticien sculpteur Rachid Khimoune. En 2003, il édite un livre de photographie dédié aux artistes algériens des deux bords de la Méditerranée : A Fleur de mémoire ainsi qu'un livre collectif intitulé Algérie, regards croisés. Il travaille actuellement sur huit maquettes de livres, fruit de vingt années de photographies. Quels que soient ses centres d'intérêt, l'Algérie reste au cœur de son travail.