Photographies n Fixant dans son modeste objectif les images foudroyantes, mais combien lumineuses de tous ceux qui ont fait et font toujours l'Algérie, Halim Zenati a su rendre un vibrant hommage par des images saisissantes de grands artistes algériens. L'exposition se déroule à l'espace Noûn jusqu'au 15 mai. Sachant capter l'attention du visiteur en lui offrant des images prises dans toute la splendeur du souvenir, l'exposition donne un condensé d'instants où des créateurs de renom posent – et pour certains disparus, ont posé. Dans un regard à la fois introspectif et rétrospectif le photographe qui a côtoyé des personnalités algériennes depuis les années 1975 à 2006, a su rendre toute l'émotion et l'anxiété derrière un objectif qui questionne, de façon lancinante, les différentes poses. La plupart des photographies ont été prises dans la ville de Grenoble en France où réside l'artiste et où se retrouve toute une communauté d'Algériens en exil, un vrai cénacle d'écrivains, chanteurs, dramaturges, poètes établis là-bas depuis les années 90. Instants captifs quand l'œil du photographe imprime son regard – qu'il s'agisse de photos prises dans sa jeunesse à Alger ou à Grenoble – toute la réalité du monde de l'art. Ses images sont l'expression unique et intime d'un artiste qui rend à la photo sa dimension affective. Se déroule sous nos yeux un moment magique où l'image se donne parce qu'elle n'a plus de secret, mais d'évident, elle sait dans certains plans conférer aux artistes la postérité. Des photos réunies dans cette exposition sont incluses dans l'ouvrage Salut l'artiste édité chez Dallimen par le photographe et préfacé par Waciny Laredj avec une plume pleine de lyrisme, où l'idée principale est de rappeler l'existence de tous ceux qui ont marqué à jamais le paysage culturel algérien. Des artistes que le hasard malheureux de l'histoire a retrouvé morts en pleine force créatrice. Tahar Djaout, Abdelkader Alloula Cheikha Remiti disparus ou encore Idir, Lili Boniche, Nabil Farès, Mohamed Fellag, Slimane Benaïssa… La liste contenue dans l'album est longue. Au-delà des tragédies, l'image capte les visages de ceux vivants qui survivent à l'usure dans des contrées lointaines. Nous terminons sur cette citation de W. Laredj : «L'appareil a fait le tour de jeunes et de vieux artistes, des morts et des vivants, des résidents de la diaspora nationale et de ceux qui sont restés attachés à cette terre, même dans les moments difficiles.» L'exposition mérite largement le détour.