La société de gestion des participations des industries manufacturières a décidé de sceller le sort de l'entreprise publique de distribution de chaussures (Districh) en la déclarant en cessation d'activité. Les 60 magasins ainsi que les dépôts qui constituent le patrimoine de Districh ont été fermés. Le coût social de cette mesure n'est pas des moindres. Cette décision est tombée tel un couperet sur les 350 travailleurs de cette société qui se sont vu notifier leur licenciement. Du jour au lendemain, ils se sont retrouvés sans emploi, venant grossir les rangs des chômeurs déjà trop nombreux. Ils ne savent pas ce qu'ils doivent faire de l'indemnité de départ plafonnée à 400 000 DA. Leur détresse est telle qu'ils réfléchissent à des solutions extrêmes. « L'indemnité de départ représente juste de quoi acheter une barque et tenter de traverser la mer pour des conditions de vie meilleures », affirme l'un des licenciés promis à un avenir de « harraga » par la force des choses. C'est dire le désarroi de ces dizaines de nouveaux sans emploi pour lesquels l'avenir s'annonce sous de sombres auspices. Dans ce contexte, le collectif des travailleurs interpelle les pouvoirs publics afin de les sensibiliser sur leur situation. Ses représentants qui se sont déplacés à El Watan indiqueront qu'un protocole d'accord entre la direction de l'entreprise et le syndicat a été signé « sous pression ». « On nous a menacés de nous mettre au chômage technique et des salaires impayés, alors on s'est retrouvés dans l'obligation d'abdiquer », souligne l'un des travailleurs. Ces derniers affirment que la SGP envisage de créer une autre entreprise sur « les cendres laissées par Districh ». Cette société aura comme fonds de commerce 20 des 60 points de vente qui constituaient le réseau de Districh. Les anciens travailleurs de cette entreprise nationale ont formulé une demande à la SGP par le biais de la Fédération nationale des travailleurs du textile et des cuirs (FNTTC), affiliée à l'UGTA, pour la reprise d'une partie des employés licenciés dans le cadre de ce projet. Ils demandent également à ce que les 40 autres magasins leur soient cédés en gérance libre, comme cela avait été fait pour 110 autres en 2000 et qui sont toujours en activité. « Notre souci aujourd'hui est de ne pas nous retrouver au chômage », relèvent les représentants des travailleurs. « Pourquoi ferme-t-on 60 magasins avec le licenciement de 350 employés alors que les pouvoirs publics ont lancé un programme pour la création d'emplois à travers la mise en place de 100 locaux commerciaux par commune », s'interroge-t-il. Les travailleurs licenciés se sentent « arnaqués par les institutions », lance-t-il. Ces anciens employés de Districh considèrent que d'autres solutions existent pour éviter que Districh, qui n'a pas encore été dissoute, mette la clé sous le paillasson. « Ils auraient pu juste privatiser l'entreprise », estime l'un des représentants des travailleurs. Ces derniers se plaignent de ne pas trouver une oreille attentive pour exposer leurs doléances. Ils veulent se battre jusqu'au bout. « On ne va pas lâcher prise. On va créer une association. Les magasins sont convoités. On ne va pas les céder à X ou à Y alors que les travailleurs sont à la rue », indiquera l'un des travailleurs de Districh qui fera savoir qu'ils comptent soumettre un dossier au conseil des participations de l'Etat ainsi qu'au ministère de l'Industrie. Des représentants du collectif des travailleurs ont par ailleurs été reçus par un haut responsable de la République qui s'est montré très sensible à leur situation. Il convient de signaler que toutes nos tentatives de joindre la SGP industries manufacturières ont été vaines.