Le documentaire rendant hommage au « papa du cinéma algérien », René Vautier, Algérie Tours Détours a récemment obtenu, la mention spéciale du jury du Festival Pan-Africa International de Montréal, organisé par Vues d'Afrique du 10 au 20 avril dernier. Montréal. De notre correspondant Réalisé par deux jeunes cinéastes, Leïla Morouche et Oriane Brun-Moschetti, le documentaire de 113 minutes a permis aux deux réalisatrices de « saisir » l'Algérie actuelle à travers une re-création, dans certaines villes algériennes, des projections itinérantes, les ciné-pops, qu'avait mis en place René Vautier en Algérie, au lendemain de l'indépendance. Une distinction qui devrait ajouter de la visibilité au documentaire, comme l'a souligné Leïla Morouche, au moment où elle recevait le prix. Le Festival qui en est à sa 24e édition, a offert aux cinéphiles montréalais pas moins de 138 films, entre fictions et documentaires de tous les formats sur l'Afrique et les pays créoles. Le prix de la meilleure fiction est allé cette année ex-aequo au film franco-guinéen Il va pleuvoir sur Conakry de Cheick Fantamady Camara et au long métrage tunisien Junun (Démences) de Fadhel Jaibi. Le long métrage franco-camerounais Une affaire de nègres de Osvalde Lewat a été sacré meilleur documentaire. Bien que le cinéma algérien ait été absent du podium, Vues d'Afrique l'a honoré lors de la soirée d'ouverture du Festival, à travers le dernier film de Nadir Mokhnèche, Délice Paloma présenté en avant-première québécoise, hors compétition. Le film connaît un succès certain notamment auprès de la communauté maghrébine. La presse locale, qui a salué le Almodovar algérien et sa muse Beyouna, a déploré la sortie discrète du film dans seulement trois salles à Montréal. En bouclant sa trilogie « destinée » à un public occidental, Nadir Mokhnèche pourrait maintenant penser à faire un film destiné au public algérien, c'est ce que souhaitent quelques spectateurs algériens rencontrés dans les salles montréalaises, à l'image de cette Algéroise qui estime que « Beyouna ne peut se chamailler qu'en arabe. Toute autre langue donnerait des dialogues sans âme ». Délice Paloma a trouvé un fervent avocat en la personne du consul général d'Algérie à Montréal, Abdelaziz Sebaâ. Tout en soulignant, lors de la soirée d'ouverture, le talent de Nadir Mokhnèche, le diplomate, ancien journaliste, a fait appel à la belle époque de la rubrique culturelle d'Algérie Actualité et à « une grande critique du cinéma algérien : Mouny Berrah qui nous a quittés il y a quelques années. Je suis sûr que sur ce film elle n'aurait pas écrit un papier mais des papiers. Ce soir, j'aimerais lui rendre hommage et lui dire qu'elle nous manque », a conclu Sebaâ qui devrait être rappelé en Algérie le 1er juillet, après 5 années de service.