Courts et longs métrages de fiction, documentaires, films d'animation seront présentés, en compétition ou hors compétition, au public de Montréal et du Québec. Vues d'Afrique prendra le coup de départ ce jeudi avec plus de 101 films consacrés à l'Afrique et aux Antilles pour les 23es Journées du cinéma africain et créole. A travers le grand brassage des nationalités, effaçant les frontières Nord-Sud, les œuvres sont regroupées en six grandes catégories. Quatre sont compétitives : International Fiction, International Documentaire, Regards d'ici et Africa-numérique, pour les œuvres réalisées en Afrique à l'aide des nouvelles technologies moins coûteuses que la pellicule. Et c'est dans cette catégorie qu'on retrouve 3 courts-métrages algériens : Babel, 10', une fiction de Khaled El Benaïssa (Algérie-France), Les Baies d'Alger, 17', une fiction de Hassen Ferhani (Algérie-France) ; Baloon, 7', une fiction de Abdelkader Ensaâd (Algérie-France). Le premier met en scène un dialogue de sourds, dans un taxi collectif algérois, entre un « tchitchi » (bourgeoise) francophile, un Kabyle bègue et le chauffeur de taxi enfermé dans son mutisme. Le deuxième est une audioscopie d'Alger dans un long panorama de la ville où l'œil de la caméra scrute différents bâtiments et quartiers du centre-ville avec une approche intimiste. Quant au troisième, c'est un zoom sur un gamin de 8 ans, Hicham, qui se livre à une mystérieuse collection. L'ouverture de ces journées se fera avec Africa Paradis, une comédie satirique du Béninois Sylvestre Amoussou qui met en scène un future à l'envers : l'Europe qui croupit dans la misère, face à l'Afrique qui nage dans la prospérité. Surprenant, mais aussi revanchard ! Un hommage sera rendu au cinéaste guinéen Henri Duparc, disparu au début de l'année, avec une rétrospective de ses œuvres, en présence de sa veuve et productive Henriette Duparc. Par ailleurs, huit longs métrages de fiction sont présentés en compétition de la sélection internationale. Parmi eux, Mon colonel, une coproduction France-Algérie-Belgique, scénarisée par Costa-Gavras et consacrée à la guerre d'Algérie. Avec L'Ultime hommage, le réalisateur ghanéen King Ampaw propose une comédie sur la vie sentimentale d'Asante, un croque-mort prêt à tout pour trouver l'âme sœur. Egalement en compétition officielle, le dernier long métrage de Vittorio De Seta, Lettre du Sahara. Sélectionné à la Mostra de Venise, le film suit l'émigration d'un jeune Sénégalais dans son exode en Italie. Enfin, Un Matin de Bonne Heure est inspiré d'un fait divers frappant, la mort de deux jeunes Guinéens cachés dans un avion en partance pour la France. La diversité est également au cœur de la sélection pour les longs métrages documentaires en compétition. Mentionnons, entres autres, le documentaire Kigali, des images contre un massacre, de Jean-Christophe Klotz et Delta-Oil's Dirty Business, de Yorgos Avgeropoulos, qui se penche sur l'éthique élastique des entreprises pétrolières au Nigeria. Du côté du numérique, le festival offre un tour d'horizon sur la fiction, les documentaires et les séries télé, dont Le Président a-t-il le sida ? d'Arnold Antonin et Le Jardin d'un autre homme, de Sol de Carvahlo, deux longs métrages consacrés à la pandémie du sida. Le rendez-vous cinématographique de Vues d'Afrique change de style cette année, notamment avec la suppression de la classification par pays, « le monde de l'image s'est transformé. Les conséquences de la mondialisation rendent bien arbitraires les divisions selon l'origine, puisque les coproductions deviennent la norme, que les réalisateurs vivent à Paris ou à Londres... », explique le PDG de Vue d'Afrique, Gérard Le Chêne, sur le site web de l'événement. Selon lui, il importe peu « si le réalisateur est congolais, grec ou chinois », « les films en compétition officielle, c'est l'Afrique – avec ses rameaux créoles – qui sera le thème ». L'origine ne compte que pour la catégorie Africa Numérique « puisque les conditions de tournage sont facilitées grâce aux techniques légères », explique-t-il encore. Et d'ajouter : « La rencontre organisée par Vues d'Afrique sera donc plus que jamais le rendez-vous des cinéastes du monde concernés par ces immenses aires de civilisations ».
