Ce sont surtout les marchands de vêtements qui pullulent, squattant tous les espaces. D'ailleurs, certaines rues de la ville de Aïn Béïda sont entièrement occupées par une faune de vendeurs de prêt-à-porter féminin, de parfums à l'origine douteuse. Ce commerce interlope est le fruit du chômage endémique, touchant particulièrement les jeunes. De l'avis de beaucoup, il est préférable de laisser faire les jeunes commerçants, même s'ils ne disposent pas de papiers en règle, et de ne pas les chasser des places qu'ils occupent indûment. « Cela vaut mieux, disent-ils, que de les laisser verser dans la délinquance, avec ses corollaires, la drogue et la prostitution ». Par contre, les commerçants disposant d'un registre de commerce, donc en règle avec le fisc, voient d'un mauvais œil la prolifération du commerce parallèle. Pour eux, c'est plus que de la concurrence déloyale, le pire, c'est le squat tous azimuts du moindre espace ; ni trottoirs, ni chaussées ne sont épargnés. Aïn Béïda est peut-être la ville qui souffre le plus de ces pratiques, d'autant plus que même les commerçants ayant pignon sur rue se sont mis de la partie pour s'approprier en toute impunité les trottoirs leur faisant face. Du coup, les passants sont privés des espaces qui leur sont réservés. Ils sont contraints donc d'emprunter la chaussée qui, en principe, est la prérogative des véhicules. L'on assiste, de ce fait, à des situations ubuesques, anarchiques parce que faisant fi des règles les plus élémentaires de civisme. En somme, l'activité commerciale, que ce soit à Oum El Bouaghi (notamment l'ancien centre-ville), Aïn Beïda et Aïn Fakroun, pour ne citer que ces trois localités, a pris les allures d'un bazar confus, où ni le passant, ni l'automobiliste n'ont leur place. Toutefois, cette explosion « commerciale » ne profite pas au pays, puisque tout ce qu'on écoule sur cet immense marché provient des pays asiatiques, et à leur tête la Chine. En somme, un coup terrible à une production nationale déjà mal en point.