Avant d'être sur l'enseigne d'une salle de spectacle et de projection à l'OREF, Ibn Zeydoun est le nom d'un grand poète andalou. Abu al-Waleed Ahmad Ibn Zeydoun al-Makhzumi est né à Cordoue en 1003. Appartenant à la vieille tribu arabe de Bani Makhzoum, qui fut l'une des premières tribus arabes à immigrer vers Al-Andalus, son père fut un célèbre théologien de la ville. A sa mort, il n'avait que 11 ans. Son grand-père prit en charge son éducation et, grâce à la position et la fortune de sa famille, le jeune garçon fréquenta les plus importants des cercles littéraires et linguistiques de Cordoue. Et grandit dans un contexte de troubles et de guerres civiles qui ont marqué le déclin du califat omeyyade de Cordoue. D'ailleurs, il a activement participé à la chute de ce dernier, notamment par ses écrits et ses discours dont l'impact sur le peuple était incontestable. Emprisonné à cause de son activité politique, il sera libéré lorsque son ami d'enfance Jawhar accédera au trône, après avoir chassé les omeyyades. Ibn Zeydoun sera son vizir et effectuera plusieurs missions diplomatiques pour lui. Les jeux de pouvoir étant troubles, les deux amis s'embrouillèrent et Ibn Zeydoun se réfugia chez Al-Mu`tadid Ibn Abbâd, émir de la puissante taïfa de Séville. Ce dernier l'a accueilli dans sa cour où il est devenu son premier conseiller. Peu de temps après, il devint Qatib, le plus haut poste à la cour d'Al-Mu`tadid. Ibn Zeydoun joua un grand rôle politique dans la conquête d'Al-Mu`tamid de Cordoue, l'ancienne capitale califale, en 1070. Il a pris l'année suivante la tête d'une armée pour maîtriser la rébellion qui éclatait à Séville pendant la présence d'Al-Mu`tamid à Courdoue. Il est mort la même année d'une maladie à l'âge de soixante-huit ans. Il reste de lui une belle histoire d'amour avec la princesse Wellada, femme de lettres et poétesse, fille du Calife Omeyyade Mohamed El Moustakfi Billeh. Elle organisait des salons littéraires chez elle et c'est en les fréquentant qu'Ibn Zeydoun tomba éperdument amoureux d'elle. Leur couple est entré dans la légende au même titre que Mejnoun et Leïla, Kays et Boutheyna ou Roméo et Juliette. Si quelques mystères persistent encore autour de leur histoire d'amour, on sait par contre qu'Ibn Zeydoun lui écrivit de magnifiques vers et que l'un des premiers poèmes que Wellada lui écrivit résonne encore aujourd'hui dans la nouba zidane.