L'accès aux archives nationales et françaises et leurs usages par les historiens, retour sur l'amnésie de l'occupation coloniale sur les massacres du 8 mai 45 et le rôle actif des tendances politiques de l'époque ont été, entre autres, au cœur du débat de la deuxième journée du colloque international sur les massacres du 8 mai 45. Dans sa communication introductive « De la mémoire à l'histoire. L'historiographie française et les exactions de la colonisation », le professeur Benjamin Stora brosse un tableau assez complet de la situation qui a prévalu avant, pendant et bien après les massacres du 8 mai 45, tant dans son contexte historique, politique que militaire. Invitant dans ce contexte l'ensemble des historiens algériens et français à un travail en commun de dépoussiérage. « La communauté algérienne en France, notamment les jeunes sont avides de connaître l'histoire contemporaine du pays de leurs parents et grands-parents. » Et d'ajouter : « Si les archives sont bloquées, les jeunes se rabattront vers la toile du net truffée de récits prétendument historiques, mais surtout fantaisistes. » Concernant le travail qui devrait incomber aux historiens algériens, il dira : « C'est à l'Algérie de faire son archive orale et de la confronter aux archives coloniales françaises, ce qui est en soit une gigantesque entreprise actionnée par une décision politique. » Toujours dans le cadre de l'utilisation et de l'exploitation des archives, le Dr Foued Souffi du Centre national des archives, le professeur Hichem Bouhouche, Bouraghda Ramdane et autres intervenants dans ce contexte auront des avis divergents sur la question. Certains avancent : « Nous devons faire nos propres recherches chez nous (archives communales, justice, etc.) sans nous focaliser sur les archives d'Aix-en-Provence (France), car il y a un trou historique concernant les exactions des massacres du 8 mai 45 dans les archives coloniales, et ce, du 15 avril au 15 juin 1945 », alors que d'autres prétendent le contraire en déclarant : « Il faudrait bien au contraire creuser beaucoup plus du côté des archives d'Aix-en-Provence, principalement celles rendues inaccessibles par le sceau du secret, car les archives en Algérie sont très souvent abandonnées aux aléas de l'humidité et aux rongeurs. » Néanmoins, la loi 79-18 du 3 janvier 1979 modifiée, sur la consultation des archives en France, poserait toujours problème. Elle passerait de 50 ans à 75 ans pour la rendre publique, selon les intervenants.