La Convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT) fera dans 90 jours partie du droit international. L'entrée en vigueur de ce premier traité international de santé publique qui intervient suite à la ratification du CCLAT par le 40e pays (Pérou) atténuera vraisemblablement la consommation de tabac qui provoque, selon l'OMS, annuellement 4,9 millions de décès prématurés. Si cette tendance perdure, ce chiffre atteindra 10 millions par an, et ce, jusqu'à 2030. 70% des victimes sont, d'après l'organisation précitée, issues des pays en voie de développement. Il convient de souligner que la CCLAT oblige les pays à imposer une interdiction compréhensive sur toute forme de publicité, de mécénat et de promotion de tabac et à placer des avertissements à la santé larges, évidents et en image sur les paquets de cigarettes. Ce traité interdit l'usage des termes trompeurs comme « léger », « à faible teneur de goudron » et « doux » n'ayant aucune réalité scientifique. La CCLAT incite les Etats à augmenter les taxes sur le tabac de manière significative et à rendre les lieux publics et les lieux de travail interdits à la consommation des cigarettes. Les signataires sont en outre obligés de sommer les compagnies à révéler le contenu des produits de tabac et de leur fumée. Le recours aux poursuites judiciaires pour rendre l'industrie du tabac responsable de ses méfaits est l'autre importante mesure consignée dans la convention susindiquée. Le président de l'Observatoire du tabac en Afrique et de l'association Oxygène de Sétif, le professeur Mokhtar Hamdi Cherif, exhorte les Etats africains à parapher la CCLAT : « La ratification et la mise en œuvre de ce traité sont indispensables pour réduire les souffrances, les maladies et les morts causées par le tabac. Tout retard ne ferait que servir la stratégie cynique de l'industrie du tabac qui cible l'Afrique, son plus fort potentiel, avec une croissance de la consommation qui atteindrait dans les dix ans à venir les 16%. » L'épidémiologue, qui milite depuis des années pour que notre pays ratifie ce traité, tire la sonnette d'alarme. « Le tabac est la cause essentielle de la recrudescence des maladies chroniques non transmissibles, surtout les maladies cardiovasculaires et le cancer, qui constituent actuellement un des problèmes majeurs de santé publique en Algérie. 30 000 nouveaux cas y sont diagnostiqués chaque année, soit une augmentation de 50% du nombre de cas entre 1986 et 2000. Près de 20 000 personnes meurent annuellement du cancer », souligne le spécialiste, qui révèle que la consommation nationale du tabac a triplé au cours de ces dernières décennies, passant de 7,7% en 1978 à 25% en 1998. Le taux de prévalence du tabagisme est de 43,8% chez les hommes et de 6,5% chez les femmes. 50% des fumeurs, enchaîne-t-il, sont âgés de moins de 27 ans. Devant cette préoccupante situation, les pouvoirs publics ayant déjà signé la convention-cadre vont-ils se rendre à l'évidence que la ratification du traité est désormais inévitable ? Wait and see.