Khaled Bouchakri, gardien retraité de l'école Maâlem Salah ne croyait pas qu'un jour viendrait où lui et sa famille seraient jetés à la rue. Le chahid, dont l'école située à Daksi porte le nom, ne croyait sûrement pas lui non plus qu'un jour l'Algérie indépendante et les descendants du FLN feraient une chose pareille aux humbles citoyens. Pourtant, le 20 avril dernier, la famille Bouchakri, avec ses 12 membres, a été chassée par la force publique du logement de fonction dans lequel elle habitait ; et voici plus de trois semaines que celle-ci occupe le trottoir mitoyen de la mosquée Mossaâb avec toutes ses affaires étalées à même le sol, qu'il vente ou qu'il pleuve, sans la moindre compassion de la part des élus. Certes, le vieux, retraité depuis six ans, n'a pas droit de jouissance sur le logement de fonction qu'il occupait, mais peut-on, pour autant, chasser ses employés sans leur trouver un toit ? La commune de Constantine, pourvoyeuse de logements sociaux, ne semble pas s'être encombrée de la question. D'ailleurs, c'est bien l'APC qui a intenté, depuis 2007, un procès pour forcer le gardien à libérer le logement. La justice a fini par trancher en faveur de celle-ci, et la famille du gardien n'a dû son salut qu'à l'intervention de l'ex-chef de daïra de Constantine, lequel a différé l'application du jugement en attendant de trouver un toit pour le gardien. Une année après, la nouvelle APC revient à la charge et réussit « l'exploit » de mettre à exécution la décision d'expulsion. Il faut noter aussi que le gardien avait introduit, en 2002, un dossier pour l'obtention d'un logement social, mais en attendant ce jour, lui et sa famille, qui, par-dessus le marché, n'ont pas les moyens de louer un appartement, se trouvent toujours dans la rue. Les élus qui ont permis cela devraient avoir honte et partir.