Cette fois, c'est l'histoire d'un voyage secret comme s'il s'agissait d'un fait peu commun, alors que la diplomatie et certaines affaires qui se traitent nécessitent le plus souvent une très grande discrétion. C'est la clé de leur succès. Mais ce qui se passe dans la région du Proche-Orient intrigue et inquiète, et les Palestiniens n'ont pas manqué de manifester de tels sentiments. Un grand bruit est fait autour du fameux plan du Premier ministre israélien qui n'est rien d'autre qu'une immense supercherie qui pourrait malheureusement se produire en raison de complicités internationales. On ne remplace pas en effet au pied levé et sans la moindre garantie un plan qui prévoyait la création d'un Etat palestinien d'ici 2005, et c'est le cas de la feuille de route mise au point par le Quartette (Etats-Unis, Russie, Europe et ONU), par un autre qui propose l'inverse, même s'il s'agit de démenteler quelques colonies dans la bande de Ghaza. C'est en ce sens qu'un haut responsable du ministère de la Défense israélien s'est rendu secrètement en Egypte, dimanche dernier, pour rencontrer le chef des renseignements égyptiens, le général Omar Souleimane, au sujet du retrait prévu d'Israël de la bande de Ghaza. Selon des médias israéliens, le général de réserve Amos Gilad, principal conseiller du ministre Shaoul Mofaz, a discuté de la possibilité pour Israël de renoncer au contrôle de la zone frontalière entre la bande de Ghaza et l'Egypte en cas de retrait. Le porte-parole du ministère de la Défense a confirmé la nouvelle mais sans préciser la teneur de ses entretiens. M. Mofaz avait averti fin juin qu'Israël ne quitterait pas ce secteur, connu sous le nom de « couloir de Philadelphie », sans garantie égyptienne. Il avait jugé néanmoins que les « intentions de l'Egypte » concernant la bande de Ghaza étaient « sincères », lors d'un entretien avec le secrétaire d'Etat adjoint-américain chargé du Proche-Orient, William Burns. L'Egypte a proposé d'aider l'Autorité palestinienne à assurer l'ordre dans la bande de Ghaza après le retrait prévu de l'armée israélienne, avant la fin de l'année 2005. Le général Omar Souleimane s'était entretenu le 23 juin à ce sujet avec le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie. Le gouvernement israélien a donné en juin son accord de principe au plan du Premier ministre Ariel Sharon prévoyant qu'Israël démantèle les 21 colonies juives de la bande de Ghaza et retire son armée de ce territoire d'ici à la fin de l'année 2005. Le conseiller politique du président égyptien Hosni Moubarak, Oussama Al Baz, a évoqué dimanche dernier le retrait israélien prévu de Ghaza avec Yossi Beilin, le chef du nouveau parti de gauche israélien Yahad. Mais tout le monde s'interroge sur l'objectif réel de cet activisme, voire de cette agitation à laquelle ne sont pas impliqués les Palestiniens, principaux concernés. Cela pourrait être d'une extrême gravité si la paix devait s'arrêter aux portes de Ghaza et entraîner l'annexion par Israël de nouveaux territoires palestiniens.