Sur la route reliant Rouiba à Aïn Taya, des vendeurs squattent des trottoirs et en font « un bien inaliénable », aucun espace n'est épargné. Plus loin, à la sortie est de Bordj El Kiffan, des jeunes prennent possession de la rue et gênent grandement la circulation sur la RN 24. Même constat au centre-ville, autrement plus surveillé. Difficile pour les piétons de s'y frayer un chemin. Ceux qui choisissent de faire le raccourci de la rue Bichat, s'ils « s'extraient » de l'enfilade des vendeurs, il leur est « proposé » de s'installer manu militari à l'intérieur des magasins. Pourtant ce n'est pas faute de règles juridiques appropriées. La réglementation existe, celle surtout prise à l'époque du gouvernorat du grand Alger (GGA), période ayant connu une réelle inflation juridique. La situation pourtant n'était pas aussi déplorable qu'elle l'est de nos jours. A s'en tenir aux dispositions de l'arrêté n°140 de février 1998, pris par le directeur de la réglementation (DRAG) du gouvernorat d'Alger (GGA), « l'exposition et la vente des marchandises de toute nature sur les trottoirs et la voie publique sont interdites ». L' article 2, ne prétend pas à l'exhaustivité ; seuls les produits emballés, conditionnés ou bien en vrac, sont mentionnés. L'article 3 de l'arrêté du DRAG, qui ne concernait que les circonscriptions de l'« intra-muros » finira, après le réaménagement des statuts du gouvernorat, par couvrir toutes les wilayas déléguées de la périphérie. Autre texte d'importance, l'arrêté n° 66, pris par le gouverneur, M. Rahmani, qui traite des aspects liés à l'urbanisme commercial. L'obstruction de la voie publique y est mise en évidence par l'article 7. Un certificat de conformité est exigé des commerçants par rapport aux travaux engagés dans les magasins, et un délai de 30 jours leur est accordé à partir de la publication de l'arrêté pour se conformer à la réglementation. Il reste que la situation s'est dégradée, et en dépit des redites et autres confusions marquant ces quelques alinéas des deux traités, la réglementation est là. Rares sont ceux qui s'y conforment : les trottoirs n'appartiennent plus aux piétons mais aux seuls vendeurs informels, lorsque ce n'est pas aux commerçants légaux qui occupent la boutique d'en face. Difficile donc d'appliquer les arrêtés. A l'inertie des assemblées communales, qui ne veulent pas se mettre à dos leurs citoyens, les agents de l'ordre préfèrent ne pas « trop gêner » les commerçants. A la Direction du commerce (DCP), on fait remarquer que les P/APC ont un droit de regard sur ces installations squattant les trottoirs. A Mohammadia, à Cinq Maisons, l'assemblée communale reste indifférente à l'anarchie, malgré les mesures de fermeture, déclare-t-on.