Au moment où d'autres communes enregistrent des bon qualitatifs et quantitatifs en matière de développement, la commune de Thénia fait face, en dépit de sa position, à des problèmes d'un autre âge. Depuis le séisme de mai 2003 qui l'a fortement endeuillée, cette commune peine à s'inscrire dans la dynamique de développement et reste confrontée à une situation sécuritaire et économique sans précédent. Située à une quinzaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya, cette paisible localité s'apparente de nos jours à une bourgade oubliée. Les différents quartiers de cette localité reflètent l'image du sous-développement. Cinq ans après le séisme, le décor qui s'offre à la vue des visiteurs n'est guère enchanteur. Une ville en quête de réhabilitation. D'autres constructions ont été endommagées suite à l'attentat kamikaze du 30 janvier dernier qui a fait deux morts et une vingtaine de blessés. Aujourd'hui, ce qui en reste est sur le point de s'écrouler. Bien qu'elles aient été classées « rouge 5 » au lendemain du séisme de 2003, plusieurs bâtisses demeurent non démolies et font peser de réels dangers sur les habitants. Jusque-là rien n'est entrepris pour redonner un aspect nouveau au centre-ville de cette commune. De grands espaces se trouvent à l'abandon. « Les pouvoirs publics ont indemnisé les propriétaires de logements et laissé les commerçants livrés à eux-mêmes », expliquent les citoyens. Une décision qui n'a pas été, selon eux, sans conséquences sur le chômage et le commerce local. Pour les autorités locales, ce dépérissement s'explique par les inextricables problèmes fonciers. « Les locataires et les commerçants dont les locaux et les bâtisses se sont effondrés se sont retrouvés dans l'impossibilité d'entamer les travaux de reconstruction à cause des problèmes liés à l'héritage et l'indivision », explique le vice-président de l'APC. Outre cela, les problèmes liés au manque d'infrastructures culturelles, à la protection de l'environnement et, à l'état des routes sont légion. « Ici, tout est à revoir », lance un retraité qui déplore l'absence de l'Etat. A cause de l'anarchie qui règne au niveau de l'arrêt des bus, la route principale qui traverse la ville reste l'un des points noirs de cette localité et fait l'objet d'énormes bouchons tout au long de la semaine. En outre, cette voie baptisée boulevard M'hamed Bougarra est devenue le réceptacle de toutes sortes d'ordures. De l'est à l'ouest, des sachets en plastique et des déchets dispersés au gré du vent agressent le regard. L'état des différentes artères du chef-lieu n'est guère reluisant. Les trottoirs sont dans un état lamentable sont à l'origine d'une grande poussière en été. Face à cette situation pour le moins déplorable, tout porte à croire que la perspective de développement de cette localité est loin d'être à l'ordre du jour des autorités compétentes. Les habitants apostrophés tirent la sonnette d'alarme et interpellent les autorités concernées à s'intéresser impérativement à cette ville livrée à elle-même depuis des années. « Notre commune traverse une situation des plus préoccupantes jamais connue auparavant », assène un habitant qui souligne que Thénia se vide de jour en jour pour devenir un petit bourg. Ainsi, faute de programmes de logements, des centaines de familles de cette localité sinistrée ont été relogées ailleurs, à Khemis El Khechna et Ouled Moussa, précise-t-on. « Nous n'avons pas de bureau de poste depuis le jour du dernier attentat kamikaze. Et il va falloir se déplacer à Tidjelabine en cas de besoin », déclare un citoyens déçu. Et à un autre de renchérir : « Cinq ans après son effondrement, les travaux de reconstruction de l'unité de la BNA ne sont plus à l'ordre du jour. » Foyer actif du terrorisme islamiste pendant les années 1990 surtout, cette localité est devenue le théâtre d'incursions terroristes ces derniers temps. En effet, il ne se passe pas un mois sans qu'il y ait des événements relatifs à la situation sécuritaire. S'agissant d'infrastructures, Thénia manque d'une salle omnisport, d'une maison de jeunes au chef-lieu, d'une bibliothèque municipale et d'une crèche pour les petits. « N'est-ce pas du mépris et de la hogra ? », s'interrogent les habitants avec un profond désarroi. La liste des doléances est longue. Les habitants parlent de l'oisiveté et du chômage qui poussent les jeunes à l'interdit et citent l'exemple des jeunes tentés par les groupes terroristes. « Nous sommes privés de moyens de distraction. Notre salle de cinéma qui fut un bien public cédée par adjudication à un particulier, lequel, l'a transformée en une salle de fêtes », s'indigne un jeune, qui ajoute que les responsables viennent nous mentir et puis ne remettent plus les pieds ici. « Notre hôpital est devenu un dispensaire. Il est dépourvu de tout. Faute de gynécologue, nos femmes sont contraintes de se déplacer à Alger ou à Bordj Ménaïel pour accoucher », clament les citoyens de Thénia.