Le parti islamiste de Bouguerra Soltani veut abroger concomitamment les articles du code pénal, le 144 bis et 87 bis 10, où il est question de peines d'emprisonnement à l'encontre des journalistes et imams qui seraient coupables aux yeux de la justice de diffamation. Imams et journalistes, même combat selon le MSP. Le groupe parlementaire du parti islamiste de Bouguerra Soltani revient à la charge après avoir échoué en mai 2006 à abroger concomitamment les articles du code pénal, le 144 bis et 87 bis 10, où il est question de peines d'emprisonnement à l'encontre des journalistes et imams qui seraient coupables aux yeux de la justice de diffamation. Lundi dernier, le MSP remet ça au grand dam de ses partenaires de l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND. Le Rassemblement national démocratique qui a pris la présidence tournante de l'Alliance a vite fait de retirer la couverture de l'Alliance aux propositions très controversées du MSP. « L'Alliance, a déclaré Miloud Chorfi, porte- parole du RND cité par El Khabar, n'est pas concernée par les propositions d'amendement introduites par ce parti. » L'amendement en question qui vise à dépénaliser aussi bien le délit de presse que le délit de « prêche » a été introduit lundi dernier lors d'une réunion du bureau de l'Assemblée nationale populaire (APN). Seddik Chihab, député et « bras droit » du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a regretté hier que le MSP use ainsi d'« amalgame » pour arriver à ses fins et asseoir son emprise sur les lieux de culte. « Amalgame et vente concomitante », ajoute Chihab. L'article144 bis, fortement décrié par les professionnels des médias, stipule qu'une « condamnation à une peine allant d'une année à trois ans de prison et à une amende de 100 000 à 1 000 000 DA ou à l'une des deux peines est prononcée à l'endroit de celui qui porte atteinte au président de la République par des propos diffamatoires, insultants ou humiliants, que ce soit par le biais d'un écrit, dessin, déclaration ou tout outil d'émission de son ou image ou tout moyen électronique ou informatique ou autre de communication ». L'article 87 bis 10 stipule par contre que « quiconque prêche ou tente de prêcher dans une mosquée ou autre lieu public de prière sans être nommé, agréé ou autorisé à cette fin par l'autorité habilitée est puni d'emprisonnement de un à trois ans et à une amende de 10 000 à 100 000 DA (…) ». La liberté de la presse n'est en aucun cas assimilable, selon Seddik Chihab, à la liberté du prêche, apanage exclusif des imams. Auteur d'un retournement spectaculaire le 3 mai dernier, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, M. Ouyahia, ancien chef du gouvernement et SG du RND, a épaté son monde par le « vibrant hommage » qu'il a rendu aux professionnels des médias. Une « fierté », qualifiait Ahmed Ouyahia la presse algérienne. Pourtant en 2001, alors chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia n'avait pas hésité à adopter une législation liberticide, dont l'actuel code pénal en est la parfaite illustration. « La dépénalisation viendra tôt ou tard », affirme pour sa part M. Chihab. A la question de savoir pourquoi le RND n'a pas proposé à l'APN au même titre que le MSP d'amender les articles liberticides du code pénal, Seddik Chihab se contentera de répondre que pour l'heure, « le cadre idéal n'était pas planté encore, mais ça viendra prochainement ». Le texte et le contexte !