Par la puissance et la précision de son interprétation tout au long du concert qu'il a donné mercredi soir à la salle Errich, l'Orchestre symphonique national, qui se produisait pour la deuxième fois en deux ans à Bouira, a littéralement conquis le public bouiri. Pour plus de variété dans le programme cette fois, l'OSN, qui s'est distingué plusieurs fois par le passé dans de grandes manifestations artistiques par la qualité de ses interprétations d'œuvres classiques comme celles de Mozart, Beethoven, Chopin, Schubert etc., a voulu nous présenter d'autres figures, tout aussi marquantes de la musique classique telles que Rossini, ce virtuose, dont on disait qu'un jour, travaillant dans son lit, avait refusé de se baisser pour ramasser la feuille sur laquelle il était en train d'écrire une partition et que le courant d'air glacé, entrant par la vitre brisée de la chambre, lui avait arrachée et jetée par terre. Croyant reprendre le même thème, il avait écrit deux musiques différentes ainsi qu'il a pu s'en rendre compte, lorsqu'il a ramassé la feuille volante et comparé les deux compositions. Cette fois, le régal est constitué à l'ouverture par Le Barbier de Séville, de quoi, par musique interposée (et quelle musique !), nous plonger au cœur du XVIIIe siècle de Beaumarchais, ses intrigues époustouflantes, ses personnages en habits galonnés et boutons dorés et en perruques poudrées, Le Figaro et ses mille et une roueries. La musique n'est pas inférieure à l'œuvre immortelle qu'on peut lire aujourd'hui comme hier avec la même délectation, car elle fait désormais partie du patrimoine culturel universel, comme cette ouverture de Rossini qui lui est consacré. La symphonie de Hayden n°92 Oxford, Le lac des Cygnes, dont l'orchestre a donné des extraits de Tchaïkovski, La Bacchanale de C. Saint-Saëns, La valse n°2 de D. Chostakovitch nous promènent à travers ces « forêts de symboles » dont parle Charles Baudelaire dans son fameux poème Correspondance. Et si les couleurs, les parfums et les sons se répondaient ? Et si le fil conducteur entre les anciens et les modernes à travers leurs œuvres n'a jamais été rompu ? Et si de Mozart à Tchaïkovski la lignée est directe ?