Dans le douar où la misère est grandeur nature, cet acte criminel a boulversé le quotidien de ses habitants. Une grosse chaleur moite enveloppait hier en milieu d'après-midi le paisible douar Abdelaoui, (ex-ferme Berti), 30 km au sud de Tiaret, moins de vingt quatre heures après le viol, apparemment collectif, puis l'assassinat du jeune Allel Ghalmi, dit Mohamed, âgé de quatre ans. Le père de la victime, Omar, un jeune maçon de 29 ans, n'a pu, hier, contenir ses larmes au moment où certains confrères tentaient de lui soustraire quelques indiscrétions. Sans ambages, notre interlocuteur, alliant la parole au geste, pointe d'un doigt accusateur le douar. « Il n'y a rien à dire, le ou les criminels sont du douar. » Une grave accusation suivie d'un silence religieux par la quarantaine de vieux quidams, dont le grand-père Benyagoub, présents dans une tente de fortune, confectionnée à l'aide de sacs en plastique, dans un décor lugubre qui aggrave l'environnement où pullulent des décharges sauvages, témoins grandeur nature d'une misère sociale étouffante. Notre arrivée sur les lieux, coïncidant avec la présence de représentants du mouvement associatif local, a pimenté le dialogue entamé, avec peine, avec les membres de la famille. Ces derniers, qui continuaient à fustiger « l'indifférence des élus et des représentants de l'administration », disent « protester contre ce dénuement et cette misère sociale en demandant la célérité dans le traitement de cette affaire ». La situation est d'autant plus préoccupante que « la famille de la victime n'a pas reçu l'once d'une compassion, encore moins une aide pour atténuer sa douleur ». L'inhumation du jeune Allel faite le jour de sa découverte a comme accéléré sa disparition. Hier, avec quelques rares photos dans sa main, le père a éclaté en sanglots au milieu de pleurs difficilement contenus qui parvenaient de la chaumière. « Regardez, c'est là ou on l'a déposé tôt le matin, tout près d'une vieille remorque ». Un témoin ayant vu l'enfant à la morgue, venu soutenir la famille, raconte l'effroi : « Cela ne peut être que l'œuvre de démons. Il a été violé et le docteur peinait à le suturer » pour finir par lâcher : « Il faut que justice soit faite rapidement. » Au niveau du commandement de la Gendarmerie nationale, le chargé de la communication dit attendre les conclusions de l'enquête.