Il est des communes de la capitale où le décor dans lequel se meuvent les administrés et se complaisent les édiles s'amoche au fil des jours, au point de ne plus distinguer une ville d'un village, un village d'une bourgade, une bourgade d'une zone rurale, une zone rurale d'un hameau juché là haut sur la colline... Le plan local d'urbanisme n'est pas, semble-t-il, notre fort et le schéma directeur de… « relookage » arrive très souvent en retard, après que les zones urbanisables eurent été défigurées et le foncier agricole parcellisé en zone réservée pour des lotissements à usage d'habitation. Ce qui fait faire des cheveux, ce n'est pas l'écologie urbaine, loin d'être le dada de nos élus, ni l'entretien des parcs et jardins qui laissent à désirer, encore moins la propreté de nos villes que nous peinons à gérer, mais les aménagements des routes au cœur des agglomérations qui se détériorent au fil des ans, au point de ne plus reconnaître la cité qui, parfois, donne l'impression d'un lieu sorti fraîchement d'un pilonnage : des tronçons de voiries mis sens dessus dessous, vomissant des nuages de poussière, des trottoirs inexistants, défoncés ou rognés par les propriétaires de magasins, des nids…d'autruche parsemant les parcours, des arbres décimés, une circulation automobile qui tire à hue et à dia, des échoppes de fortune piétinant les espaces publics et poussant par-ci par-là dans le bourbier, des ordures et gravats abandonnés, au détour de chaque rue et ruelle, dans la fange et la liste n'est pas exhaustive concernant d'autres désagréments criants. A dire vrai, le spectacle urbain avec lequel nous composons ne semble guère nous choquer. Avec le temps, nous sommes devenus des manants et nous avons fini par apprivoiser la hideur. A quelques encablures d'Alger, l'exemple est on ne peut plus édifiant. Le quidam qui a l'occasion d'arpenter les artères du chef-lieu de la commune de Baraki à bord d'un carrosse ou à pied, peut faire l'amer constat. En empruntant une des principales artères menant du centre-ville vers la sortie qui mène vers Sidi-Moussa ou un autre faubourg alentour, le visiteur ne peut s'empêcher d'avoir un haut-le-corps aussi incommensurable qu'incompressible devant la déstructuration d'un tissu d'une zone urbaine où, autrefois, il faisait bon vivre au milieu des vergers et vignobles qui ont laissé place à l'envahissant béton, selon les propos recueillis des vieux de la région. Désolant spectacle et piteux état d'une ville qui a davantage souffert de la dernière décennie rouge.