Comment évoquer les droits de l'homme en une journée sans aborder la question des libertés fondamentales, de leur préservation et de leur élargissement constitutionnel à tous les aspects de la vie socioéconomique ? Surtout en cette phase de mutations, de changements induits par les effets de la mondialisation. Après la décennie noire marquée par le terrorisme, le droit à la survie de populations et d'individus menacés par l'intégrisme armé, l'extension de la défense des droits fondamentaux s'inscrit dans le prolongement de l'étape passée, des principes qui figurent bel et bien dans les dispositions de la Constitution de 1996. Au-delà de ceux de créer des partis politiques, des associations, de circuler, d'entrer et de sortir librement du territoire national, à être défendu par des avocats, la Loi fondamentale à travers l'article 55 prévoit que tous les citoyens ont droit au travail, à la protection, à la sécurité et à l'hygiène dans le travail. Se pose - alors que l'on parle de privatisation de centaines d'entreprises publiques - la question de savoir comment préserver, dans la pratique sur le terrain économique et social, ce droit au travail au profit des milliers de travailleurs menacés dans leur emploi aussi bien par l'application des réformes internes que par la concurrence et la compétitivité étrangères. La fermeture d'unités industrielles ne pouvant plus faire face au déferlement de produits manufacturés d'origine du Sud-Est asiatique ou d'ailleurs risque d'entraîner, comme cela s'est produit dans d'autres pays encore plus fragiles, une augmentation sensible de la pauvreté et de la précarité. L'obligation de l'Etat en la matière, c'est de faire en sorte que la « casse » ne se traduise ou plutôt ne s'accompagne pas de conséquences négatives et désastreuses au plan social, en préconisant des solutions appropriées dans ce sens en obligeant les repreneurs de ces unités à préserver l'emploi, par exemple, ou encore à encourager les reconversions des personnels menacés, etc. Et dans ce cadre, quoi de plus naturel en somme que la possibilité de s'organiser et d'agir pour la défense d'intérêts moraux et matériels sans craindre une répression des pouvoirs publics, tout simplement parce que le droit de grève est garanti. La répression des grèves des enseignants et le chantage de la part des pouvoirs publics dont ils ont fait l'objet l'an dernier prouvent que, dans la réalité, le comportement des représentants de l'Etat est tout à fait en porte-à-faux avec la Constitution. Il en est de même de la santé des citoyens, objet de l'article 54, dans lequel il est surtout clairement stipulé que la prévention et la lutte contre les maladies sont assurées par l'Etat. Malheureusement, la multiplication de cas de typhoïde à travers le territoire et la réapparition de maladies que l'on croyait disparues ou nettement réduites comme la gale ou la peste bubonique attestent que les pouvoirs publics ont nettement perdu de vue de tels objectifs qui ne figurent plus sur les plans de développement locaux à travers les actions connexes à long terme comme l'adduction d'eau potable ou encore la gestion des déchets domestiques et industriels souvent négligée, alors qu'elle a des effets directs sur la santé publique. La diversité des libertés pose sans doute aussi aujourd'hui la question de consacrer cette multiplication par de nouvelles dispositions au moins au niveau de la Loi, comme le droit à l'information des citoyens ou encore celui de choisir un enseignement pour ses enfants dans le cadre des fondements de la République et, surtout, comme le prolongement des libertés de conscience, d'opinion et d'expression. On peut imaginer qu'autant on a le droit de créer une entreprise de commerce ou d'industrie et que les citoyens peuvent y travailler, autant on aurait la possibilité de créer des institutions d'éducation et d'enseignement, tout comme celle d'y envoyer ses enfants pour s'instruire. Tous ces aspects et d'autres encore devraient interpeller les députés et les pouvoirs publics car il y va de l'instauration d'un Etat de droit et de sa préservation.