Pendant qu'à Oran des supporters déçus brûlaient des pneus et occupaient le centre-ville, quelques kilomètres plus loin, toujours à l'ouest, un procès pour sorcellerie se tenait à Tiaret. Dans la salle d'audience pleine comme une église américaine le dimanche, la justice algérienne annonçait frileusement le report du verdict pour Habiba, la chrétienne la plus célèbre d'Algérie, mais profitait de cette belle journée pour juger 6 autres personnes, accusées d'avoir prié en chrétien dans un appartement privé. Le célèbre procureur, pas du tout impressionné par l'indignation générale provoquée par l'arrestation de Habiba, en a lui aussi profité pour demander 2 ans de prison ferme à l'encontre de chacun des 6 jeunes chrétiens. La foule présente apprenait par l'occasion que le précédent réquisitoire du procureur n'était donc pas une erreur de frappe mais bien une volonté délibérée de punir Jésus, le célèbre prophète Aïssa, d'avoir fait des enfants en Algérie. Amusante coïncidence, la veille, à l'occasion du lancement de la société arabo-coréenne à Séoul, Ahmed Ouyahia, représentant personnel du président Bouteflika, lisait un message de son patron où il expliquait que « l'Algérie milite activement pour la promotion du dialogue des cultures, des civilisations et des religions », phrase intégrale telle que reprise par l'APS. Un gag ? Non, c'est l'Algérie, burlesque, avec un sens du dialogue civilisationnel particulier. Pendant que le président algérien prône les vertus de la tolérance, on dresse des bûchers dans son pays, en son nom. Le sait-il ? Bien sûr. Alors ? Rien, cette nouvelle blague n'étonnera personne et aucun des décideurs algériens ne se dira qu'il y a quelque chose qui cloche, pas même Ahmed Ouyahia, ex-ministre de la Justice. A Séoul pourtant, on est bien informés et on a dû lire la folle aventure des chrétiens d'Algérie. Ils ont dû bien rire.