Plus de 600 inscrits au Forum « Pour un nouveau partenariat euroméditerranéen » qui s'est tenu mardi et mercredi à l'Institut euroméditerranéen à Paris à l'initiative d'Hervé de Charrette, ancien ministre des Affaires étrangères. Les conférenciers, parmi lesquels les ministres des Affaires étrangères français et espagnol, Michel Barnier et Miguel Angel Moratinos, Alain Juppé, Edouard Balladur, tous deux anciens Premiers ministres, des économistes, des politologues, des historiens, ont abordé les thèmes suivants : « Des bouleversements géopolitiques majeurs » ; « La coopération politique : un bilan incertain » ; « La coopération économique : un bilan contrasté » ; « Investir en Méditerranée, une nécessité vitale » ; « Pour un développement au service des hommes » ; « Le partenariat aujourd'hui : projets en cours » ; « Prospective euroméditerranéenne », un débat auquel devait participer Mustapha Cherif, ancien ministre, conseiller du ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem. Le colloque coïncide avec le 9e anniversaire du processus de Barcelone. Le bilan est, de l'avis des intervenants, « mitigé », voire « contrasté ». Le processus de Barcelone est né en novembre 1995 d'une triple dynamique, a-t-il été rappelé : le processus de paix israélo-palestinien, la démocratisation, la dynamique économique. L'influence américaine, le projet de Grand Moyen-Orient ont longuement été évoqués, pour dire que l'initiative américaine de Grand Moyen-Orient n'est pas compatible avec l'esprit du processus de Barcelone « Les enjeux (de l'Euro-Méditerranée) sont considérables, la Méditerranée est pour chacun d'entre nous un enjeu vital », a précisé Hervé de Charrette, président de l'Institut euroméditerranéen. « L'actualité ne cesse de le montrer, le destin de l'Europe est désormais inséparable de celui de ses voisins du Sud. La coopération euroméditerranéenne est pour l'Europe un projet porteur d'une vision politique à long terme, faisant primer la solidarité sur le repli, la méfiance ou la confrontation » a-t-il ajouté... Et aussi : « Les partenaires de l'Euro-Méditerranée doivent se donner pour objectif d'en finir avec les conflits qui empoisonnent les relations dans la région : en Palestine, comme à Chypre et au Sahara-Occidental, sans oublier l'Irak. » L'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, Hubert Védrine, a proposé quelques réflexions. Après avoir relevé que « le processus de Barcelone tourne un peu en rond », il a signifié que « les Etats-Unis cherchent à prendre pied et à nous prendre à contre-pied. Cette politique américaine est à prendre au sérieux »... « Tout ce que les Américains ont conçu dans les pays arabes vient en substitution à la question du conflit israélo-palestinien. » Hubert Védrine a laissé entendre que « le thème de la démocratisation est peut-être abordé maladroitement. Il ne faut pas mélanger technique démocratique et culture démocratique. » Et « le chemin est encore plus compliqué qu'en 1995. » « La démarche américaine est déstabilisante, forte. Si la démocratisation n'est pas faite par les Arabes eux-mêmes, par les Arabes et les Européens, elle se fera par les Américains, de manière violente. »