A la direction générale de Sonelgaz, on affirme que l'enquête sur les raisons de l'explosion suit toujours son cours. Le hasard y est pour beaucoup : l'explosion de Raïs Hamidou, de mardi, a remis au goût du jour un autre incident, plus désastreux celui-là qui eut lieu, il y a une année presque jour pour jour. Quatre morts et des dizaines de blessés fut le bilan de l'accident de cette matinée du 28 mai 2007 à la cité des 512 Logements de Aïn Allah (Dély Ibrahim). Les familles ne sont toujours pas consolées après cette tragédie. Seuls dans leur collimateur : les services de Sonelgaz qui se refusent à accepter selon eux, l'évidence. Des fuites de gaz à propos desquelles ils furent alertés à plusieurs reprises, sont à l'origine du sinistre. Les parents des trois victimes et un des blessés accusent de « laisser-aller » la société publique, dans une lettre parvenue à la rédaction. Déjà qu'au lendemain de l'explosion, la conviction des responsables de la société était faite : s'appuyant sur les premiers éléments de l'enquête, M. Guitouni, PDG de Sonelgaz-distribution-Alger (SDA), déclarera, au lendemain de l'explosion, soit le 29 mai, que « l'accident serait dû au gaz méthane (CH4) accumulé que dégagent les eaux usées qui sont dans les vides sanitaires mal aérés ». Ses services en sont restés là. Les ayants droit remettent en cause les déclarations de Sonelgaz qui affirme n'avoir reçu qu'un appel. « Avant la mort de notre fils Ishac, mon mari s'est déplacé en personne à la sûreté urbaine de Dély Ibrahim, à la fin du mois d'avril. Sur place, il a trouvé l'officier de permanence qui a pris la peine d'appeler les services de Sonelgaz », insiste Mme Cherraoui, une mère éplorée. Pour les familles, ce n'est qu'après les « injonctions » des services de la police que les équipes de Sonelgaz se sont déplacées une première fois. « Arrivé sur place, l'agent dépêché par la société a demandé à Ishac s'il n'aurait pas un briquet, mais, remarquant qu'il n'y avait pas de fuite, il lui reprochera le fait d'avoir fait intervenir la police », poursuivent nos interlocuteurs, assurant que cet agent s'en est allé sans prendre la peine d'insister. Les familles ne s'arrêteront pas là. Pour elles, devant la persistance des émanations de gaz parvenues jusqu'au dernier étage, les autres habitants en sont témoins, la société fut avertie la veille du drame. Les agents de Sonelgaz sont retournés une deuxième fois, « en ramenant cette fois-ci, attestent-ils, un appareil défectueux ». « Un voisin leur a pourtant montré l'origine de la fuite, en leur ouvrant la conduite d'assainissement, mais ne prenant pas la peine de vérifier, ils rebrousseront chemin », renchérissent-ils. Les ayants droit décident de ne pas baisser les bras et comptent poursuivre la société, « jusqu'à ce que lumière soit faite sur l'explosion qui a coûté la vie aux leurs ». Contactée, Mlle Aït Mekkidèche, attachée de presse à la direction générale de Sonelgaz, fera remarquer, par l'intermédiaire d'un de ses collègues, que « la société n'a aucun commentaire à faire sur cette affaire, les experts étant toujours sur l'opération. Point. »