Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a annoncé hier un important mouvement dans le corps diplomatique à compter du mois prochain. Invité hier à l'émission « Tahaoulat » (Mutation) de la radio Chaîne I, le ministre a passé en revue les différentes questions internationales qui agitent la diplomatie algérienne. A commencer par ce mouvement dans les rangs des ambassadeurs et des consuls algériens à l'étranger. M. Medelci révèle, en effet, que le va-et-vient des diplomates concernera pas moins de 25 pays étrangers et touchera pratiquement les 5 continents. Ce lifting de la représentation algérienne à l'étranger traduit, d'après le ministre, une « stratégie de redéploiement de l'action diplomatique ». Bien que qu'il n'ait pas identifié les capitales ciblées par le mouvement, M. Medelci a néanmoins cité les pays « arabes, africains, sud-américains et asiatiques » qui verront débarquer de nouveaux diplomates. Le ministre a affirmé que « la moitié » de ces postes à pourvoir ont d'ores et déjà reçu les lettres de créance des autorités des pays d'accueil, alors que le reste est imminent. M. Medelci a également annoncé l'ouverture de nouvelles représentations diplomatiques dans des pays où l'Algérie a brillé par son absence. Il s'agit notamment de quelques capitales africaines, mais surtout de Oslo (Norvège), Zagreb (Croatie) et un consulat à Dubai. Parallèlement à l'ouverture de ces nouveaux postes, le gouvernement vient de mettre en place une direction des affaires économiques internationales au sein du ministère des Finances et qui sera « l'interface » du gouvernement et des partenaires étrangers. Cette mesure dénote d'une réorientation de la politique étrangère vers la diplomatie des affaires en cours dans le monde. Francophonie : c'est du sérieux... C'est dans cette optique que M. Medelci a suggéré la possibilité pour l'Algérie de franchir le pas de l'adhésion à l'organisation de la francophonie au terme du sommet du Québec. « Il y a de très fortes intentions que cette organisation se transforme en espace de coopération globale et non plus en forum de pays partageant la même langue », a souligné le ministre. Et de préciser que les transformations qui s'opérèrent au sein de cette organisation « constituent un bon signe ». Interrogé sur la position algérienne à l'égard de l'Union pour la Méditerranée (UPM), le chef de la diplomatie était plutôt réservé. Même s'il parle d'un « consensus » arabe sur ce projet, il préfère attendre la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du bassin méditerranéen prévue les 5 et 6 juin à Alger. La question de l'Union pour la Méditerranée a été inscrite à l'ordre du jour afin de dégager « une position commune qui sera un message à l'adresse des décideurs ». Il s'agira, d'après M. Medelci, de renforcer à l'occasion les relations entre les pays du bassin méditerranéen et définir « une position commune de la question palestinienne et de la situation au Liban ». Ce sera une sorte de veillée d'armes avant l'autre réunion du 9 juin en Slovénie où les pays européens et leurs homologues de la rive sud devront discuter du projet. « Nous allons sortir avec une position arabe unifiée que nous allons soumettre aux concepteurs du projet. » C'est à peu près le même discours tenu hier par le diplomate libyen, Ahmed Kadhaf Al Dam, au Caire, en évoquant de « grandes zones d'ombre dans le projet proposé par la France ». M. Medelci a estimé, de son côté, que la participation de l'Algérie « dépendait de l'évolution de la situation au Proche-Orient ». Ce sérieux bémol n'empêche pas le ministre de souligner que l'UPM soit une chance pour « rééquilibrer la coopération avec l'Europe » en ce sens que l'Algérie traite avec certains pays de l'UE et pas avec d'autres. Quid des rapports avec la France ? Pour le ministre des Affaires étrangères, il n'y a pas le feu… Tout en confirmant l'arrivée à Alger du Premier ministre, François Fillon, le 21 juin prochain, M. Medelci annonce la signature de deux importants accords sur le nucléaire civil et la défense au sujet desquels les « négociations ont abouti à 100% ». Quant à son appréciation des « offres de paix » du Maroc, le MAE a certes concédé que « nous avons l'ambition d'ouvrir les frontières dans l'avenir, mais pour ce faire, il faudra réunir les conditions idoines à travers le dialogue et la concertation entre les deux pays ». S'il affirme qu'entre l'Algérie et le Maroc les relations sont très fortes et fraternelles, il rectifie néanmoins que l'Algérie ne tient pas compte de « la diplomatie des déclarations ».