Mourad Medelci cultive la douceur comme il fait de la diplomatie. Lors de son passage, hier matin, dans l'émission «Tahawoulat» de la chaîne I de la radio nationale, le ministre des Affaires étrangères a dit des vérités, mais il a tenté d'atténuer d'autres positions tranchées de ses collègues au gouvernement. Il en est ainsi de la position de l'Algérie par rapport à l'accord d'association avec l'Union européenne. Interrogé sur les réserves exprimées récemment par El Hachemi Djaaboub, ministre du Commerce, Mourad Medelci a expliqué qu'une coopération ne peut réussir si «la sphère économique n'investit pas». «Il est de notre droit de demander à l'Europe, notre plus grand partenaire, plus d'investissements. Nous voulons que l'EU demande à ses opérateurs économiques de s'engager plus fermement en Algérie», a soutenu le chef de la diplomatie qui indique cependant qu'il n'y a pas «guerre» entre les deux parties. «Il est normal que les partenaires qui se rencontrent se disent des vérités. Il se peut même que nos partenaires européens ne reprochent des choses», a expliqué le ministre. Cela dit, celui-ci a précisé qu'une rencontre d'évaluation aura lieu bientôt à Bruxelles. Toujours en Europe, le ministre des Affaires étrangères ne voit pas de problème dans les relations algéro-françaises, même si «nous pouvons faire mieux». «Il y a de bonnes intentions au plus haut niveau pour l'établissement de relations fortes. Mais il se trouve que ces relations passent par des circonstances liées à la mémoire et à l'économie», affirme encore le chef de la diplomatie en référence aux polémiques liées au dossier de la mémoire et au niveau de l'engagement des entreprises françaises en Algérie. Pour conclure le chapitre, Medelci a fait cette belle image pour définir les liens entre les deux pays : «Il ne s'agit pas de construire la maison ; elle est grande. Il s'agit, peut-être, de la restaurer et de l'agrandir», a-t-il estimé. Toujours concernant la France, Medelci estime que les mesures prises par le gouvernement français par rapport à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara «ne sont pas suffisantes», mais l'essentiel est «d'effacer les conséquences nocives de ces essais». A la veille du premier anniversaire du premier sommet de l'Union pour la Méditerranée (le 12 juin), le ministre des Affaires étrangères a tenté une nouvelle mise au point. «Je tiens à préciser que l'Algérie est à l'intérieur de l'UPM et non à l'extérieur», a-t-il indiqué, avant de préciser que l'Union est conçue pour «apporter des projets concrets tels que la dépollution de la Méditerranée». «Nos réserves ont commencé après l'affaire de Ghaza, a-t-il ajouté, où nous avons vu un Etat membre de l'UPM, Israël, agresser un autre Etat membre, la Palestine». Selon lui, ce n'est pas la présence de l'Algérie au sein de l'UPM qui pose problème, mais plutôt l'attitude de l'Etat hébreu. Toujours dans le chapitre coopération, le chef de la diplomatie algérienne a dit distinguer deux thèses importantes dans la construction de l'Union maghrébine : une qui croit en la solution commerciale à travers l'ouverture des frontières terrestres, et l'autre, que partage l'Algérie, qui consiste à«aborder toutes les questions de manière globale et pas seulement la problématique des frontières», selon l'orateur qui se dit également «optimiste» par rapport à l'issue de l'affaire du Sahara occidental. Revenant sur la dernière conférence des Nations unies sur le désarmement, Mourad Medelci a indiqué que l'Algérie prépare des projets dans le domaine du nucléaire civil en partenariat avec d'autres pays. Cependant, le ministre des Affaires étrangères déplore que les conventions internationales en matière de désarmement ne soient pas efficaces. «Il faut réunir les conditions pour que tous les traités soient respectés», a plaidé Mourad Medelci avant de préciser que des vides juridiques existent. Il en veut pour preuve la non-interdiction de la production de l'uranium enrichi. Il annonce d'ailleurs qu'un groupe d'experts algériens préparent une proposition dans ce sens à la communauté internationale. A. B.