Il ne faut pas se leurrer, nous avons une relation stratégique… », a déclaré Mourad Medelci, invité de l'émission « Tahaoulat », qui voulait faire le point sur « l'intense activité diplomatique de l'Algérie et son influence sur la scène régionale, continentale et internationale ». Le ministre des Affaires étrangères prend ainsi à contre-pied tous ceux qui croyaient qu'une brouille caractérise présentement les relations entre Paris et Alger. Ni les engagements économiques, plutôt anecdotiques en termes d'investissement, ni la question de la mémoire et encore moins le traitement du dossier des victimes des essais nucléaires ne semblent, aux yeux du ministre, freiner l'élan des deux pays. « Je pense qu'il y a une volonté d'aller de l'avant. Même si l'investissement français en Algérie reste certes en deçà des espérances, il y a encore du chemin à faire sur la question de la mémoire. » Pour autant le ministre des affaires étrangères se dit convaincu que « nous pouvons faire mieux, en clarifiant toutes ces questions ». Mais comme pour faire une dernière mise au point aux âmes dubitatives, Medelci lance un retentissant : « nos relations sont stratégiques, il ne faut pas le perdre de vue … » Sans aller jusqu' à fixer la date de la visite présidentielle à Paris, le chef de la diplomatie algérienne a tout de même concédé qu'il « y aura des rencontres à un haut niveau prochainement » entre les deux pays. S'agissant du traitement du dossier des victimes algériennes des essais nucléaires au Sahara, apparemment non concernées par le dispositif français voté récemment, le ministre affirme que « notre vision diffère de celle de la France en ce sens qu'elle dépasse le cadre des indemnités et concerne la désinfection des périmètres où ont eu lieu ces essais ». Le ministre révèle que la partie française a « accepté » de travailler sur cette piste via des groupes mixtes d'experts. Meldeci appuie d'autant plus le traitement de ces régions qu'elle constitue au vu de leur situation actuelle « la source du problème ». Et au-delà des relations strictement bilatérales entre la France et l'Algérie, Medelci affiche une disponibilité « claire » de l'Algérie à relancer l'Union pour la Méditerranée (UPM). « L'Algérie ne s'est pas retirée de l'UPM elle est en plein dedans ! C'est une initiative qui va se concrétiser par des projets comme la dépollution. » Le ministre explique que les réserves de l'Algérie ne portent pas sur « notre présence en son sein mais sur le fait qu'un Etat (Israël) membre a agressé un autre Etat de l'UPM (Palestine) ». Meldeci estime qu'un éventuel changement de position de l'Etat hébreu « permettrait de relancer l'UPM ». Abordant les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis, Meldeci les a qualifiées « d'excellentes », en témoignent les « 20 milliards de dollars d'échanges ». Il précise que la question palestinienne constitue la seule « divergence politique avec les USA ». Sur les relations avec l'Union européenne, le ministre des Affaires étrangères annonce une rencontre le 16 juin au Luxembourg entre les experts algériens et ceux de l'UE pour faire le bilan de l'accord d'association. Tout en déclarant que l'Algérie ira demander « le respect de l'équilibre des relations », notamment en termes d'investissements, du fait que l'engagement européen demeure faible, Meldeci prévient que « nous n'allons pas déclarer la guerre à l'UE et que eux aussi peuvent nous reprocher des choses… » Plus généralement, le ministre annonce un programme diplomatique « rénové à la faveur du troisième mandat », qui sera axé sur le développement global, la paix, et la sécurité. A cet égard, le ministre estime que « les rendez-vous des prochains mois seront décisifs pour notre diplomatie ». Il a cité notamment le sommet des non-alignés à Charm Cheikh, auquel participera le président Bouteflika, et qui devrait plancher sur les réformes internes de cette institution. Il y aura aussi le sommet de l'union africaine à Tripoli le 1er juillet prochain qui devrait clarifier le processus de réformes entreprises et coordonner les positions des membres et enfin la réunion du G8 élargie aux délégués du Nepad, à Alkila, en Italie. Mourad Medelci est par ailleurs revenu sur le dernier congrès de Genève sur le désarmement au terme duquel l'initiative d'Alger d'instituer un contrôle international sur les armes nucléaires a été adoptée par les 65 pays, y compris les puissants du monde.