La population de Sidi Aïssa, vivant depuis plus de 35 ans dans des limites administratives contraignantes, tracées d'un geste anodin dans les couloirs du ministère de l'Intérieur en 1974, n'en finit pas de subir les conséquences de cet acte qui a laissé pour compte une centaine de familles qui n'ont le droit d'être nulle part, pas même dans la commune de Sidi Aïssa, d'où elles sont exclues, ni dans celle de Hadjra Zerga avec laquelle ces familles n'ont aucune relation et dont le siège se situe à plus de 10 km. Ce tracé de la frontière entre les wilayas de M'sila et Bouira a, d'une part, dressé un véritable rempart à l'entrée de la ville, interdisant toute extension vers le nord, et, d'autre part, permis à une autre commune, Hadjra Zerga (wilaya de Bouira) en l'occurrence, de s'engouffrer dans les profondeurs de la commune de Sidi Aïssa, de s'accaparer des territoires, voire des quartiers, qui, dans leur configuration, s'apparentent à des excroissances ayant lamentablement défiguré l'harmonie de la ville. Sur l'une de ces excroissances fut érigé, en 1986 par l'Agence foncière de Sidi Aïssa, un lotissement de 304 lots, dont une partie, soit 108 lots, s'est avérée être située dans la commune de Hadjra Zerga. Les bénéficiaires de ces 108 lots, qui se sont acquittés de toutes les formalités et ont payé leurs lots, se sont vus refuser le raccordement à l'électricité et au gaz, dont la commune de Sidi Aïssa a fait bénéficier les propriétaires des 196 lots qui, eux, se sont trouvés par miracle positionnés dans le territoire de Sidi Aïssa. Lors de notre passage, il a été constaté que ce quartier des 108 lots est composé de quelques familles, dont le nombre ne dépasse guère les 35, alors que certaines habitations, qui se comptent sur les doigts d'une seule main, n'ont pas dépassé en termes de réalisation le stade de fouilles. Sinon, pour le reste des familles – et qui constitue la majorité – perdent tout repère, ne savent plus à quel saint se vouer et n'en finissent pas de naviguer à vue dans un magma d'indifférence et de mépris. Ce qui reste des 108 lots non bâtis, c'est un espace ne relevant pas du Plan d'occupation des sols (POS) de Hadjra Zerga et banni de la réserve foncière de Sidi Aïssa, foncièrement dévalorisé, qui a fini par se confondre avec la tentaculaire ruralité de Hadjra Zerga qui est venue s'enraciner dans les profondeurs de Sidi Aïssa. « La litanie de requêtes transmises aux autorités à différents échelons sont demeurées sans suite sauf la lancinante réponse : vos doléances sont prises en compte ; sans plus », nous ont déclaré les quelques habitants rencontrés sur les lieux.