L'entrée en application du système LMD (licence, master, doctorat) à l'université de Béjaïa, comme c'est le cas dans certaines universités pilotes du pays, serait, selon les propos des administrateurs des œuvres universitaires et des éléments du CNES, l'un des facteurs importants qui ont généré, cette année, la pression dans le campus et les cités de résidence. Noir sur blanc, le coordinateur des six résidences estudiantines à Béjaïa avait mentionné dans son rapport à la plénière de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), en octobre dernier, que le taux de réussite exceptionnel au baccalauréat, et le lancement de la réforme LMD « ont fait que le nombre de bacheliers affectés à l'université de Béjaïa s'élève à 7294, toutes disciplines confondues ». Dans une émission spéciale de la radio locale, le même responsable s'est montré plus explicite et a défendu que l'amorce de la réforme a attiré beaucoup de gens de l'extérieur de la wilaya. Le coordinateur de la section locale du CNES a pour sa part défendu que la faute incombait à l'administration de l'université, coupable, selon lui, d'avoir plaidé une place de structure pilote pour la faculté de Béjaïa, dans le cadre de la même réforme, alors que celle-ci n'était pas en mesure de remplir les conditions qu'il faut pour être à la hauteur de la nouvelle situation. Un tout autre son de cloche est développé par le recteur de l'université. Djoudi Merabet, hors de lui, soutient mordicus que les étudiants orientés vers Béjaïa l'auraient été avec ou sans la réforme LMD. Le système d'orientation étant national et les affectations définitives des étudiants s'effectuant une fois sur place, notre interlocuteur dit ne pas comprendre, par ailleurs, comment des enseignants et autres cadres du circuit universitaire en viennent à incriminer une démarche qui vise à maintenir l'université sur l'orbite du développement. Le point relatif aux retombées présumées du nouveau système d'enseignement n'est pas le seul sujet de polémique dans les campus. Une curieuse contradiction dans les chiffres avancés par le rectorat d'une part et les œuvres universitaires de l'autre ajoute à la confusion de la situation. Quand la première instance, réagissant à ce propos ne faisant pas partie de ses attributions administratives par « devoir de responsabilité morale », suggère, données chiffrées à l'appui, que des marges de manœuvres importantes sont à la portée des logeurs de l'Office national des œuvres universitaires (ONOU) pour peu que la rigueur soit de mise sur le plan de la gestion, ces derniers continuent à soutenir que le déficit, estimé à plus de 1200 places d'hébergement, rend problématique toute solution définitive au problème des étudiants SDF.