Gendarmerie et police s'accordent à affirmer que le phénomène des kidnappings n'est pas aussi important que cela puisse paraître comparativement aux violences sexuelles subies par les enfants qui, elles, connaissent une hausse inquiétante. La police a enregistré 146 détournements de mineurs, en 2007, qu'elle déclare avoir récupérés et restitués à leurs familles. Néanmoins, elle précise avoir traité 3 affaires d'enlèvement suivies de demande de rançons qu'elle a solutionnées et dont les auteurs ont des liens de parenté avec la famille. Il est également fait état de 2 cas de rapt suivis de violences sexuelles puis d'assassinat en 2007, et de 2 autres durant les trois premiers mois de l'année en cours. Pour sa part, la gendarmerie a enregistré 4 enlèvements suivis de viol, en 2006, 2 en 2007 et 6 en 2008. Pour ces services, souvent les parents cachent la vérité pour une raison ou une autre, ce qui complique les investigations. « Les auteurs sont dans la majorité des cas des pédophiles qui, au départ, n'ont pas pour objectif de tuer leur otage. Mais une fois l'affaire est sur la place publique, les événements leur échappent et commettent l'irréparable, de peur d'être identifiés... », expliquent les services de sécurité. « Les fugues viennent en deuxième position des disparitions. Souvent ce sont les otages eux-mêmes qui simulent leur enlèvement pour justifier une fugue. Ces disparitions interviennent souvent à l'approche des examens par peur des parents à la suite des résultats. Il y a aussi les fugues amoureuses des adolescentes, etc. », notent nos interlocuteurs. Pour ces derniers, les demandes de rançon viennent en dernière position et, dans la majorité des cas, les auteurs sont à chercher dans l'entourage de la famille. La médiatisation de certaines affaires a compliqué davantage la situation et prolongé les investigations. C'est le cas de la tragique histoire de Yacine Bouchlouh, de Bordj El Kiffan, à Alger, retrouvé des semaines après sa disparition dans un puits non loin de son quartier. Selon l'enquête et les analyses du laboratoire scientifique, l'enfant a chuté accidentellement dans le puits à proximité duquel il a pour habitude de jouer. Pourtant, tout le monde avait parlé de son enlèvement et de son assassinat, y compris le chef de sûreté de wilaya d'Alger. Un autre cas qui mérite d'être cité est celui de ces deux jeunes qui ont décidé d'extorquer 5 millions de dinars à leur voisin, commerçant, en contrepartie de la libération de son fils âgé de 5 ans. Ce dernier est ligoté et jeté dans une mare. Le temps que les gendarmes arrivent à le localiser, l'enfant était déjà mort par noyade et les auteurs arrêtés. Pour faire face à cette situation, les services de police et de gendarmerie ont créé des brigades des mineurs qui travaillent surtout sur la pédophilie. Des fichiers de présumés pédophiles sont sur le point d'être finalisés. Des négociateurs sont actuellement formés pour réduire le temps des prises d'otage et éviter que ces derniers ne soient tués. Les villes les plus concernées restent pour l'instant les grands centres urbains du Nord, et les victimes se comptent parmi toutes les catégories socioprofessionnelles