Faisant partie de ceux qu'on peut considérer doyens et sages de la communauté des Algériens au Canada, Touhami Rachid Raffa cumule plus de 32 ans de présence dans la province canadienne du Québec. Il est engagé dans l'intégration des immigrants et la défense de leurs droits. Il a été le premier à réagir dans les médias québécois pour dénoncer le silence de la classe politique québécoise face au scandale du chômage chez les Maghrébins (près de 30% selon Statistique Canada). Suivant de très près la dernière visite de Monique Gagnon-Tremblay, ministre québécoise des Relations internationales, il s'est dit choqué par l'attitude des journaux algériens qui, lors de sa conférence de presse tenue à Alger, ont occulté le sort des Algériens du Québec. Il nous a fait parvenir ce texte intitulé « Le chômage des Maghrébins du Québec et l'alliance dans le silence » : « Alors que Madame Gagnon-Tremblay, ministre québécoise des Relations internationales termine sa tournée nord-africaine pour « vendre » le prochain sommet de la francophonie, il y a lieu de s'interroger sérieusement sur le silence des médias du Maghreb au sujet du scandale du chômage des Maghrébins du Québec. En effet, aucun organe de presse de Tunisie, d'Algérie et du Maroc n'a jugé utile ou même pertinent d'interpeller cette responsable politique sur la situation de nos frères et sœurs qu'on continue à « importer » par milliers au Québec – après une sélection sévère quant à leurs aptitudes académiques et professionnelles, à leurs dossiers de santé et de sûreté, et après un cheminement de longues années aussi pénible que coûteux – pour en marginaliser une bonne partie dans le chômage et l'assistance sociale. Plusieurs Maghrébins ont compris leur douleur et, après avoir appris l'anglais, ont trouvé refuge dans les provinces anglaises du Canada où ils ont retrouvé leur dignité par le travail, exerçant très souvent dans leurs domaines de compétence respectifs. Ce pattern semble destiné à s'imposer de plus en plus à l'avenir du fait de la forte détérioration de la situation au fil des ans au Québec et de l'inaction des pouvoirs publics qui, il faut le signaler, n'ont rien à craindre d'une pseudo-communauté silencieuse, non organisée et qui n'a pas le moindre poids politique. Environ un tiers des nouveaux venus des trois pays sont ainsi exclus du marché du travail (Statistique Canada révèle un taux de chômage de 28,7% pour les seuls 24-55 ans) et nombreux, parmi les personnes à l'emploi, sont celles qui sont déqualifiées, occupant des emplois précaires et autres petits « jobs » pour assurer leur survie et celle de leurs familles. A cet égard, les secteurs du taxi et de l'alimentation à Montréal et à Québec sont devenus emblématiques, concentrant un taux anormalement élevé d'immigrants universitaires, particulièrement des Maghrébins dont certains sont diplômés d'universités québécoises…