Le président du FNA, Moussa Touati, dénonce et rejette « l'interprétation policière » des émeutes ayant émaillé, ces derniers jours, plusieurs régions du pays. Ni main étrangère ni manipulation ! Que ce soit à Chlef, à Berriane ou dans d'autres régions, la révolte des jeunes traduit, selon lui, le marasme social dans lequel ils se débattent. « Les vraies raisons de cette explosion sociale sont connues de tous : la population souffre de multiples pressions, doublées par le sentiment de hogra, de marginalisation et la dégradation des conditions de vie ainsi que l'absence de toute perspective », affirme-t-il lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Mettant en garde contre tout laxisme dans la prise en charge de ce problème, le premier responsable du FNA critique la position adoptée par les autorités. « Je refuse l'argument selon lequel les jeunes étaient manipulés par une main étrangère. Les étrangers profitent amplement de l'économie du pays, je ne vois pas pourquoi ils manipuleraient les jeunes actuellement. Cette stratégie déficitaire mènera inéluctablement à des conséquences dangereuses », estime-t-il, en appelant à l'ouverture d'un dialogue national sérieux pour traiter cette question de violence qui se généralise. Le gouvernement et l'administration font toujours, explique-t-il, des promesses qu'ils ne tiennent jamais. Il appelle dans ce sens à un changement pacifique. Un changement qui n'interviendra que dans le cadre d'une sensibilisation de la population. Reconnaissant que les partis ont un rôle à jouer pour améliorer le vécu des citoyens, l'orateur estime toutefois que l'Assemblée populaire nationale (APN) « n'a pas pour rôle de mener des enquêtes policières ». Pour Moussa Touati, « les députés doivent uniquement s'informer sur ce qui se passe et tenter de concilier les antagonistes », en citant le cas des événements de Berriane. A la question de savoir pourquoi l'APN, dans laquelle siège le FNA, n'agit pas pour demander des comptes aux autorités concernant l'affaire des habitations préfabriquées de Chlef, Moussa Touati se montre évasif. Attestant que le retard dans le relogement des sinistrés du séisme de 1980 est inexplicable, il dira que l'APN présentera prochainement un rapport sur cette affaire. Cependant, le président du FNA reconnaît que le gouvernement et l'administration ne tiennent compte d'aucune remarque des élus et des partis. « Nous ne sommes pas dans un Etat où c'est le peuple qui a le pouvoir », déplore-t-il.