L'affaire Khellidi est une première dans les annales du football algérien. C'est pratiquement un cas exceptionnel et son traitement exige le même degré au niveau de son étude. Bref rappel des faits. A l'issue de la rencontre RCK-USMH (0-0), disputée le 23 mai, El Harrach formule des réserves par évocation sur l'identité du joueur de Kouba, Khellidi. Il s'avère que ce dernier joue sous une fausse identité, celle de son frère cadet Samir. Sur la base de cette donnée avérée, l'USMH est en droit de revendiquer les points du match. Le RC Kouba l'est autant lorsqu'il fait valoir sa bonne volonté et sa totale innocence par rapport à ce délit. Le président de la Commission règlement et qualification (CRQ) de la Ligue nationale de football (LNF), Ahmed Seddiki, a traité l'affaire en faisant abstraction de son caractère exceptionnel et surtout du grave préjudice qu'elle cause au RCK, qui est la première victime de cet imbroglio qu'il n'a ni provoqué ni couvert. Le président de la CRQ s'est précipité dans son jugement. Le traitement d'un tel dossier exige au moins l'existence de tous les éléments d'appréciation pour rendre justice. M. Seddiki s'est contenté de documents photocopiés, présentés par l'autre partie (USMH), n'a pas consulté l'original de la pièce d'identité du joueur mis en cause et consigné dans les attendus, « la CRQ a retenu la fraude d'identité conformément aux règlements généraux de la FAF, notamment son article 97 alinéa b », alors que l'article en question n'évoque nullement la fraude puisque son intitulé est « inscription sur la feuille de match d'un joueur dissimulant son identité ». En fait, sans excuser ni justifier la faute de Khellidi, celui-ci n'a pas dissimulé son identité (sportive), puisqu'il évolue avec depuis 1995, comme l'attestent les différentes licences et qualifications que lui ont délivrées régulièrement les ligues et la fédération depuis la date indiquée. La dissimulation aurait pris tout son sens si Khellidi Samir (tel que porté sur la licence) avait utilisé l'identité d'un autre joueur. Infliger match perdu au RCK signifie que la CRQ a établi la collusion entre le club et le joueur. C'est une très grave accusation qui jette l'opprobre sur le RCK, ses dirigeants et son histoire. La collusion, selon le petit Larousse, c'est l'« entente secrète en vue de tromper ou de causer un préjudice ». Y a-t-il quelqu'un en mesure d'établir ce lien entre les deux parties ? La commission de recours fédérale, qui va prendre le relais de la CRQ, sera appelée à se prononcer sur le degré de responsabilité du RCK dans cette affaire et démontrer que le club a participé à la fraude. Au plan légal, ni le club ni la structure qui gère le football ne disposent de moyens pour vérifier et contrôler des documents officiels délivrés par les autorités et les juridictions compétentes en la matière. Dans ce cas, la ligue nationale elle aussi doit être pénalisée, sans oublier l'APC, la daïra qui ont délivré les actes constitutifs de la fausse identité avec laquelle Khellidi a surfé tranquillement depuis plus de dix ans. Sur le plan réglementaire, le RC Kouba a scrupuleusement respecté les conditions de transfert (de l'OMR) et de demande de licence du joueur Khellidi. La ligue nationale est responsable de la délivrance de ce document. Les textes réglementaires ne situent nullement la responsabilité du club dans ce cas de figure. La bonne foi du club ne fait aucun doute. Les conséquences risquent d'être fâcheuses pour ce (beau) fleuron du football algérien. Son président Omar Rebrab risque de tirer sa révérence, après son colossal investissement dans le club. Il n'y a pas pire solution pour faire fuir du circuit du ballon rond les vrais capitaines d'industrie comme le président du RC Kouba.