Le projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM) sera au centre des discussions de la 15e session ministérielle du Forum méditerranéen (Formed) qui se réunit à l'hôtel Sheraton, à l'ouest d'Alger, les 5 et 6 juin courant. Il s'agit, selon des sources diplomatiques, d'une large consultation sur ce projet. « L'inscription de ce thème à l'ordre du jour a été faite à la demande de l'ensemble des membres du forum, même la Turquie ! », nous a-t-on précisé. Seront présents à cette session les ministres des Affaires étrangères de onze pays membres du Formed : l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, l'Egypte, la Turquie, la Grèce, la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et Malte. La Libye, qui assure la présidence actuelle de l'Union du Maghreb arabe (UMA), et la Slovénie, qui préside l'Union européenne (UE), sont invités à prendre part aux travaux du Formed qui débutent le 4 juin, avec la réunion des experts. Jeudi 5 juin, l'ouverture se fera avec un dîner-débat consacré à l'évolution du « processus de paix » entre Israël et l'Autorité palestinienne. « C'est une manière de marquer, dans la convivialité, le caractère informel du forum », a-t-on indiqué. On rappelle que la situation au Moyen-Orient est un thème récurrent dans les travaux du Formed qui est plus large que le cadre des 5+5. Celui-ci est essentiellement concentré dans la Méditerranée occidentale. Le Formed cherche, à terme, à élaborer une charte pour la paix et la stabilité. Même si la Turquie est hostile à l'initiative de l'UPM, le débat, que l'on veut libre, traitera de tous les aspects de ce projet. « Il s'agit d'un brainstorming, d'échange libre d'idées », souligne-t-on. La présence confirmée du ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, permettra, probablement, d'approfondir la question. Le forum, qualifié de « laboratoire d'idées », aura à étudier les aspects techniques de l'UPM et s'attardera sur les projets qui devront être proposés lors du sommet fondateur de l'UPM, le 13 juillet 2008 à Paris. L'avenir du processus euro-méditerranéen de Barcelone, déjà vieux de treize ans, sera également abordé. On tient à relever que l'UPM est dorénavant une initiative européenne et plus française comme elle le fut à l'origine et, de ce fait, elle mérite d'être analysée à tous points de vue. « Au forum, nous sommes sensibles à tout ce qui concerne la Méditerranée », indique-t-on. Les consultations vont se poursuivre au-delà de la réunion d'Alger et jusqu'au sommet de Paris. Des consultations vues comme plus larges que celles entamées par Le Caire le 24 mai dernier avec le groupe arabe de l'Euromed. L'Egypte, qui probablement va assurer la coprésidence de l'UPM, est chargée de préparer une plateforme de propositions à soumettre à l'UE le 9 juin courant lors d'une rencontre prévue en Slovénie. Il est entendu que le Formed, toujours attaché à son indépendance, n'aura pas à dire que l'UPM est bonne ou mauvaise mais à faire des suggestions. Pas de crainte donc d'éventuelles manœuvres de lobbying puisque chaque pays a déjà des positions sur l'UPM. Il est déjà établi que l'Algérie refuse que les erreurs et les ratages du Processus de Barcelone soient reconduits par l'UPM. Les principes et les objectifs de Barcelone sont, pour Alger, des acquis à consolider et pas à diluer dans la nouvelle initiative. Initiative qui ne va réussir que si les projets retenus auront des retombées positives sur le vécu des populations et sur le développement économique. A Bruxelles, la Commission européenne, qui a déjà étudié le dossier de l'UPM, a proposé, fin mai 2008, une série de projets à adopter au sommet de Paris : routes maritimes, autoroute du Maghreb et dépollution de la mer. Plus ancien que le Processus de Barcelone, le Forum Méditerranée, lancé en 1994, ne fait pas « double emploi », selon ses initiateurs. Son caractère restreint et non officiel lui offre « une large marge de manœuvre ». On rappelle que le code de conduite pour la lutte anti-terroriste, adopté par le forum et qui consacre « l'approche globale » de la question de la sécurité, a été repris par le Processus de Barcelone en 2005. En 2006, lors de la session du Caire du Formed, l'Algérie et la Tunisie avaient contribué à l'élaboration d'un document sur la lutte contre le terrorisme et les politiques de migration. Au cours de la même session, la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) avait été passée en revue. La PESD, qui peine à prendre forme à cause d'enjeux géostratégiques et de faisabilité pratique, figure parmi les priorités de la France pour la présidence de l'UE à partir du 1er juillet 2008. En Grèce, où s'est déroulée la dernière session du forum en 2007, la question de l'énergie était au cœur des débats. L'Algérie, l'Italie et la Grèce ont élaboré un document commun qui, théoriquement, pourrait inspirer les participants de la session d'Alger. Les énergies renouvelables, principalement le solaire, sont également inscrites dans les projets futurs de l'UPM.