La question qui peut paraître saugrenue mérite un temps de réflexion. A l'origine, il y eut les huitièmes assises de l'Asthme, tenues à la maison de la culture Ould Abderrahmane Kaki par la fédération nationale des asthmatiques, que préside le Dr Mohamed Benkheddach. Lors de la première conférence présentée par le professeur Benrabah, il avait été question des méfaits du tabagisme et de sa relation amplificatrice, voire dévastatrice chez les patients souffrant d'asthme. Ce spécialiste de la question avait souligné avec force détails combien les usagers du tabac pouvaient entraîner des complications tant sur leur propre personne que sur les sujets non fumeurs. Il n'aura aucune peine à soutenir combien les fumeurs passifs pouvaient souffrir autant, sinon plus que les vrais fumeurs. Chiffres à l'appui, il parviendra à faire prendre conscience à l'ensemble de l'assistance sur la nécessité de réduire, voire de supprimer le fumage dans les lieux publics ainsi que dans les foyers. Mais, c'est lors du débat qu'une dame, apparemment très informée et concernée, soulèvera la question de la pollution que provoquerait l'Unité Jobert de la SNTA de Mostaganem sur la santé des lycéens de l'établissement Saliha Ould Kablia. En effet, cet établissement aura été construit à proximité d'une usine à tabac dont la mise en marche remonte à l'année 1877. A l'époque, ce quartier périphérique avait une vocation de zone industrielle puisqu'on y avait déjà érigé le moulin Skali et une forge qui faisait face au Cinémonde, une salle de cinéma devenue très célèbre à cause de son écran considéré à juste titre comme étant le plus grand d'Afrique. C'est donc en réponse à cette question que le professeur Benrabah déclarera sans ambages sa préférence au maintien du lycée. Nous l'avons ensuite entretenu sur les risques majeurs liés à la consommation passive et active du tabac, mais également à la situation du lycée Ould Kablia. A notre question de savoir s'il y avait réellement un risque pour les lycéens, le professeur se fera plus prudent. Il dira en substance que chronologiquement il lui était impossible de savoir si le lycée était antérieur à l'usine ou l'inverse. Toutefois, il dira sa préférence pour le lycée. Quant au devenir de l'usine Jobert, il dira sa préférence non pas pour son déplacement vers un autre site, mais pour sa destruction définitive « pour la santé des enfants de Mostaganem, mais également pour tous les enfants d'Algérie ». Toutefois, les éventuels désagréments que l'on attribue à tort ou à raison à cette unité industrielle devraient être formellement identifiés et mesurés. Sans une étude exhaustive que la direction de l'environnement se devrait de commander à un laboratoire spécialisé, il serait pour le moins irresponsable de faire comme si de rien n'était. Au moment où les effets du tabac sont reconnus à travers le monde pour leurs nuisances avérées sur la santé des populations, il n'est pas normal qu'à Mostaganem on ne prenne pas le soin de vérifier l'influence de certaines unités industrielles et pas seulement de l'usine Jobert sur la pollution de l'environnement, notamment celles construites à l'intérieur du tissu urbain, à une époque où la ville ne comptait que quelques dizaines de milliers d'habitants. Sans vouloir jeter l'opprobre sur quiconque, le cri d'alarme de cette citoyenne et la recommandation de l'éminent professeur ne peuvent laisser insensibles les responsables et les élus. De deux choses l'une : si nuisance est démontrée, il faudra vite trancher entre déplacer le lycée Ould Kablia ou fermer temporairement l'unité de la SNTA. Dans le cas contraire, il faudra démontrer que leur mitoyenneté n'a aucun effet sur la santé de nos enfants, ni sur celle du voisinage.