La Bibliothèque nationale d'Algérie abrite une grande exposition de photos d'archives intitulée « Algérie, un an d'indépendance » (une sélection du fonds de photos de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine de Paris) d'un reporter qui a tutoyé, côtoyé et choyé l'histoire de l'Algérie. La preuve ! Il a été reporter de Révolution africaine ! Elie Kagan dont le nom est lié et relié à la cause algérienne et à sa Révolution de Novembre 1954. Elie Kagan est ce photographe ayant immortalisé de par son déclic engagé et affranchi les manifestations du 17 octobre 1961 à Paris organisées par le FLN et qui furent réprimées avec une rare violence dépassant tout entendement humain par la police de Maurice Papon. Son témoignage, son acte journalistique hautement adjuvant pour un combat juste et noble aura été éloquent et solidaire. Car ses photos ont été implacables et éloquentes et ayant fait le tour du monde pour dénoncer cet épisode mortifère et au réflexe colonial où de simples et pacifiques manifestants algériens avaient été traités en infrahumains à leur corps défendant. Aussi, une table ronde de haute tenue a été animée par des intervenants de marque comme l'éminent historien Mohamed Harbi, Lemnouer Merouche, ancien directeur du journal El Moudjahid en arabe, Fadéla M'rabet (Radio Alger et pionnière de la lutte pour le droit des femmes), des personnalités représentant les différents secteurs de la vie sociale et politique, et ce, sous les auspices de Daho Djerbal, directeur de la revue Naqd, et de Amine Zaoui, directeur de la BN. Dans son intervention, l'historien Mohamed Harbi qualifiera cette année-là, 1963 (l'Algérie, un an d'indépendance), « de période de situations fluides et ouvertes avec de grands espoirs, mais aussi avec des limites. Des gens qui avaient à construire un pays et qui n'étaient pas toujours préparés à cela... » Lemnouer Merouche (ancien directeur d'El Moudjahid en arabe jusqu'en 1965) indiquera à propos de cette année après l'indépendance « qu'il y avait beaucoup d'options et de potentialités. Il y avait un mouvement populaire montrant un engagement progressiste. Et en même temps, le rush vers les villas, le wilayisme et les nouveaux petits chefs locaux avec des comportements d'anciens caïds... On peut dire que l'Algérie révèle ses potentialités et ses carences. Et à long terme, les carences l'ont emporté, puis il y a eu une chape de plomb qui est liée à la force (politique) la plus organisée du pays... ». Daho Djerbal, directeur de la revue Naqd, présentera l'année 1963 : « L'an 1 de l'indépendance, c'est après la crise de l'été 1962, les problèmes de la prise du pouvoir par tel ou tel groupe et ceux de la Constitution... Donc, on entre en 1963, et il faut prendre une décision qui soit en accord avec l'espoir porté par la Révolution nationale, la guerre de libération... C'était quoi tous ces espoirs et espérances ? Tout ce qui a été réalisé et la réalité sur laquelle ils ont buté… Un carrefour où les routes se rencontrent et se séparent... » Notons que Mohamed Harbi et Lemnouer Merouche devaient animer aujourd'hui une conférence à l'institut d'histoire de l'université d'Alger. Néanmoins, a annoncé Daho Djerbal lors de cette rencontre, « on vient de nous informer qu'elle est annulée sur décision du rectorat sans explication aucune ».