Alors qu'Alger est ceinturée par une industrie fortement polluante, le peu d'îlots de forêts et de bois qui y subsistent encore sont paradoxalement livrés aux actes d'incivisme, d'une part, et au désengagement des autorités locales, d'autre part. Ainsi, l'abattage d'arbres, la création des bidonvilles, la prolifération des décharges sauvages et l'extension du bâti sont le lot réservé à ces espaces censés en principe faire l'objet d'une attention particulière de la part des pouvoirs publics. Sur la RN 24, une petite forêt a échappé cependant, par on ne sait quel miracle, aux détournements en tous genres du foncier forestier de ces dernières années. Il s'agit du bois de Ben Mered qui se trouve dans la commune de Bordj El Kiffan. Bien qu'aucun entretien ni attention ne lui aient été portés, le bois, faiblement aménagé, offrait dans un passé récent de très grandes potentialités de villégiature par son image luxuriante qui faisait naguère la fierté des Aquafortains. Aujourd'hui, le décor est on ne peut plus macabre. En somme, le bois est complètement délaissé dans les autorités locales. Des indus occupants y ont même élu domicile dans une trentaine de baraques de fortune. « Le bois relève du domaine privé de l'Etat. la Conservation des forêts de la wilaya a un droit uniquement de regard ; elle n'est pas habilitée à gérer les lieux », dira le conservateur des forêts de la wilaya, et d'ajouter : « Le bois est rattaché à la commune de Bordj El Kiffan ; la Conservation des forêts de la wilaya a, à ce titre, un champ d'action limité. Notre rôle, en fait, se limite principalement à la protection des arbres, en plus du travail de collaboration et de coordination prévu par la réglementation. » Ce bois, selon notre interlocuteur, a été aménagé durant les années 1980, sans qu'il y ait toutefois une quelconque stratégie d'accompagnement en vue de le préserver des actes de dégradation. D'une superficie de 9 ha, la forêt sera dotée uniquement de deux activités commerciale de 16 m2 chacune, qui sont d'ailleurs en totale dysharmonie avec la vocation initiale du site, qui est celle, en fait, la détente et la villégiature. Nous apprendrons d'un responsable local au niveau de la commune de Bordj El Kiffan qu'un troisième commerce qui ne remplissait pas les conditions a été démoli. Quant au dispositions prises par les pouvoirs publics devant réhabiliter cette forêt, le conservateur de la wilaya dira : « Nous allons sécuriser en premier lieu le bois par la réalisation d'une clôture. » Ces travaux incomberont, selon le responsable, à la DTP de la wilaya. « Après le parachèvement des travaux de dédoublement de la RN 24, des travaux d'aménagement urbains récréatifs seront ensuite lancés vers le mois de septembre », soutient-il. Il s'agit, dans ce contexte, dereprendre les anciens aménagements et d'en réaliser d'autres, avec l'installation de commodités et de mobiliers urbains. Abordant le volet de la trentaine de baraques qui ont était érigées sur le site, le même responsable dira : « Le cas de ces habitations illicites est du ressort de la wilaya. Toutefois, l'existence de ces constructions ne soustrait pas les assiettes foncières du patrimoine forestier. » Les citoyens habitant dans l'environnement immédiat du bois insisteront, quant à eux, sur la nécessité d'installer un système de surveillance pour veiller à la préservation des lieux des actes de dégradation.