Il n'est pas aisé de passer par les rues zenqet Setta et Zerarka Moussa, ex-rue Fourier dès la nuit tombée. Autant cette rue mène vers les quartiers commerciaux formés des rues Didouche, Chouiet, Aïssat Idir et autre Khediri dit Omar Ghoul, autant elle n'inspire pas confiance à la gent féminine. Que dire alors de son statut de lieu d'habitation ? Des familles y vivent, notamment aux rues Tchaker et Boumediène, mais ces ruelles adjacentes, construites sans plan dans les années quarante, débouchent sur zenqet Setta qui avait failli devenir un quartier réservé, l'indépendance retrouvée. Son nom célèbre est dû à l'existence de six rues perpendiculaires, selon certaines sources, et là intervient le constat amer d'une absence totale de repères historiques. Toute ville qui se respecte devrait posséder son guide, un critère de qualité de vie pourra-t-on avancer. Les rues Benaïssa et Charef se spécialisent dans la vente de kif et d'alcool et il n'existe pas une famille à Blida qui ignorerait la citation des rues à ne pas fréquenter par les jeunes filles « rangées ». Zenqet Setta pourrait même devenir un musée à l'air libre pour peu que les énormes moyens, dont dispose la commune, fassent en sorte de racheter quelques immeubles, les retaper puis les offrir aux artistes ; à ceux-là reviendrait alors le rôle de faire revivre la sculpture, la ferronnerie, l'ébénisterie, l'orfèvrerie, le travail du cuir et une autre ambiance sera alors donnée à tout ce quartier. Ster, Ouadjina et Moula les boulangers, ammi Saïd le cycliste, Mustapha le plombier et figurant attesté du cinéma algérien, Talha l'électricien, Ahmed El Djoundi et Moussa le libraire furent pour certains des personnages légendaires de zenqet Setta et d'autres, très rares, se laissent vivre en ce début de XXI° siècle quelque peu sans âme. Zenqet lyhoud, une rue féminine gérée par des hommes La rue des frères Chouiet, ex-rue Abdallah communément appelée zenqet Lyhoud sise en plein centre de Blida, est considérée comme la rue la plus connue et la plus peuplée, surtout par la gent féminine, au niveau de la commune, puisque on y vend de tout et à tous les prix allant des ustensiles de cuisine jusqu'aux vêtements des petits et grands. Quant aux prix, toutes les catégories sociales y trouvent leurs comptes. Cette étroite ruelle, non bitumée depuis plusieurs années, regroupe la beauté de l'architecture des vieilles bâtisses représentant toute la richesse du patrimoine blidéen qui attirent les étudiants et les touristes à la recherche de nouvelles découvertes. Ce qui se trouve être insupportable pour les habituées de la rue Abdallah ce sont les commerçants illicites qui, par paresse ou vice, vendent les sous-vêtements féminins avec une sans-gêne incommodante leur permettant de suggérer tel ou tel produit en précisant les couleurs et les tailles à leurs clientes. Que dire des produits cosmétiques à l'origine inconnue exposés à tous les changements climatiques et vendus aux petites jeunes filles qui ignorent le danger qu'elles encourent et dont l'argent de poche ne leur permet pas l'accès au luxe. En plus de la richesse du patrimoine délaissé, n'oublions pas de préciser que le journaliste et écrivain Jean Daniel y est né. La rue Abdallah regroupe dans ses petits recoins tous les maux de ces jeunes qui, par vengeance et désespoir, s'engagent dans d'interminables bagarres pour un gramme de kif ou un coin pour fourguer leurs produits commerciaux durant la journée. A. Bersali, A. M.