Trop de passion autour d'un problème qui aurait pu largement être dépassé a fait que la Fédération algérienne d'athlétisme se retrouve au centre d'une polémique qui aurait pu être évitée, pour peu que la précipitation n'engendre pas une décision qui risque de connaître des prolongements. Les faits sont connus et juste pour rappel, disons que les athlètes marocains ont brillé par leur absence lors du meeting international d'Alger, aussi pour s'inscrire dans la réciprocité la Fédération algérienne interdit, par une mesure transitoire, toute participation algérienne au meeting de Rabat. La polémique a été enclenchée d'abord par la Fédération marocaine qui déclare n'avoir jamais reçu d'invitation de la part de son homologue d'Alger, ensuite c'est au tour du directeur du meeting de Rabat qui rétorque, en affirmant que la sanction venue d'Alger est une punition pour les athlètes. Le directeur du meeting ne manquera pas de souligner qu'il informera l'IAAF qui devra « apprécier à sa juste valeur ces petits jeux politiques sur le dos des athlètes ! ». Le ton est donc ainsi donné à partir d'un simple bémol qui peut avoir des prolongements qu'il faut alors gérer. Déjà, le président du Comité olympique algérien n'a pas raté l'occasion, lors de son passage à la télévision, pour remettre les pendules à l'heure en appelant à une meilleure maîtrise de ce dossier, qui ne nécessite nullement une telle réponse de la part de la Fédération algérienne d'athlétisme qui est en devoir de réviser sa position. Il est vrai que dans sa précipitation, le bureau fédéral de la FAA a remis en cause une coopération sportive qui date depuis fort longtemps et qui n'a jamais été ébranlée par une quelconque interférence. Or, décréter une interdiction aux athlètes, signifie tout simplement une rupture qui doit faire l'objet d'une meilleure concertation et qui doit impliquer aussi la tutelle, seule à même de prendre une décision aussi grave. L'intervention de Mustapha Berraf, appelant à un retour à la normale est venue à point nommé pour baisser d'un cran la tension, car faut-il le préciser, la Fédération algérienne d'athlétisme ne s'est pas arrêtée à la seule confrontation avec les athlètes marocains. En effet, pour ne pas avoir pris part au meeting d'Alger pour raison de polémique stérile, les athlètes du Mouloudia viennent d'être sanctionnés par la FAA, qui a décidé de ne plus accorder d'aide aux athlètes du club algérois. Décision qui ne surprend personne tant les responsables des deux structures ont étalé au grand public leurs divergences. Mais de là à sanctionner, ne serait-ce que moralement des athlètes qui se préparent pour de grandes échéances internationales comme les Jeux olympiques de Pékin, il n'y avait qu'un pas à faire et la fédération doit assumer. Il est utile de souligner que l'athlétisme national, qui a beaucoup périclité ces dernières saisons au point de revenir bredouille des derniers Jeux olympiques et Championnats du monde, n'a point besoin de tels dérapages à la veille d'importants rendez-vous internationaux.