L'IAAF pourrait ne pas accepter d'immixtion dans les affaires d'une fédération qui lui est affiliée. La Fédération algérienne d'athlétisme est dans le collimateur du ministère de la Jeunesse et des Sports. Une note de ce dernier parvenue mercredi soir au siège de la FAA stipulait qu'il fallait se garder de se réunir tant qu'une décision émanant de ses services n'avait pas été prise à son sujet. En dépit de cette note, le bureau fédéral de la FAA s'est tout de même réuni, jeudi matin, car depuis quelques jours une information des plus persistantes le donnait comme suspendu par le MJS. Dans un entretien accordé à un de nos confrères dans son édition d'hier, M.Guidoum confirmait que le président de la FAA allait être suspendu et que cette sanction faisait suite «à la chute de l'athlétisme algérien dans la hiérarchie mondiale et à la gestion anarchique de cette fédération». Par ailleurs, le Comité olympique algérien a été destinataire, hier, dune missive du MJS lui indiquant que le bureau fédéral et le président de la FAA vont être suspendus. L'instance olympique a fait savoir qu'elle refusait cette décision. Comme on le donnait prochainement suspendu, le bureau fédéral de la FAA s'est donc réuni jeudi et a décidé de réagir comme l'indique le communiqué adressé aux rédactions ce jour-là. Un communiqué dans lequel le bureau fédéral fait savoir que «par respect aux choix des membres de l'Assemblée générale et à la famille de l'athlétisme dans son ensemble, le bureau fédéral a décidé de ne pas accepter toute décision d'une quelconque entité qui sortirait du cadre légal et réglementaire qui ne respecterait pas le principe du fonctionnement démocratique du Mouvement sportif national». Le communiqué ajoute: «le bureau fédéral qui s'est engagé, dès le début de la crise que connaît le Mouvement sportif national, de ne pas aller à contre-courant du Mouvement de réconciliation nationale et d'entente intelligente entre les différents acteurs de la société algérienne initié par son Excellence le président de la République algérienne, décide aujourd'hui, devant les graves développements que risque de connaître la situation, de défendre, avec la plus grande fermeté, les choix de l'Assemblée générale et des instances élues de la FAA». Le bureau fédéral de la FAA ne s'arrête pas là et indique que «tout en rejetant toute décision qui ne respecterait pas les lois de la République algérienne, les règles du Mouvement olympique international, celles de la Fédération internationale d'athlétisme, appelle les acteurs de l'athlétisme algérien (athlètes, techniciens, cadres permanents dirigeants, bénévoles et élus) à se mobiliser en vue des importantes échéances sportives afin que l'athlétisme reste un motif de fierté pour le peuple algérien». Cette réaction de la FAA fait suite à celle du Comité olympique algérien lequel, mercredi, avait, lui aussi, fait savoir qu'il n'accepterait plus dans son Assemblée générale de structures non élues. Cela voulait dire qu'une fédération dirigée par une structure désignée ne pourra en aucun cas engager ses équipes nationales dans des joutes placées sous l'autorité du Mouvement sportif olympique. Or il se trouve que dans peu de temps, de nombreuses épreuves qualificatives aux Jeux olympiques de Pékin -2008 vont débuter. Il s'agira alors de faire vite sans quoi les fédérations «non-réglementaires» se verront exclues de ces épreuves puisque seul le COA est habilité à les inscrire. Pour revenir à la FAA, nous apprenons que cette affaire a pris des proportions internationales puisque de Stuttgart, où il se trouve pour assister à la finale du Tour mondial 2006 d´athlétisme, le président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), M.Lamine Diack, aurait fait savoir que son institution ne reconnaîtrait pas la décision de suspension du bureau fédéral et du président de la FAA de même qu'elle refuserait la désignation d'un organe non élu à la tête de cette fédération. Il faut dire que la FAA se débat dans d'immenses problèmes structurels avec un DTN nommé par le MJS et qui, selon M.Teyara, «ne rend compte qu'à ce ministère». «Lorsqu'on m'a proposé M.Madène comme DTN, je l'avais accepté car je pensais qu'il venait pour travailler en étroite collaboration avec la fédération dont il dépend, nous a dit M.Teyara. Or j'ai vite remarqué que la fédération ne comptait pas pour lui et que tout ce qu'il faisait, il en rendait compte au ministère. Il est allé jusqu'à me reprocher d'avoir donné des billets d'avion à des athlètes sans l'avoir consulté alors que lui, a oublié qu'il en a fait de même avec des athlètes de l'EN qu'il a envoyés concourir dans des interclubs en Italie sans m'en parler. C'est vraiment le monde à l'envers où c'est un DTN qui exige d'un président de fédération qu'il lui rende des comptes. J'ajoute qu'à ce jour il n'a présenté aucun programme d'actions à la FAA alors qu'il est en poste depuis six mois». On se retrouve ainsi aujourd'hui avec une fédération qui a un président menacé d'une suspension que refuserait l'IAAF mais aussi l'entraîneur qui a obtenu les meilleurs résultats à l'échelle internationale dernièrement, en l'occurrence Amar Brahmia, mis au placard par le MJS, puisque suspendu. Partant du principe qui ne peut limoger ou suspendre que celui qui a nommé ou désigné, le MJS se retrouve dans la position de celui qui passe outre la souveraineté d'une Assemblée générale que consacre la loi 90-31 sur les associations et qui fait valoir les dispositions d'un article, le 100 de la loi 04-10 sur le sport qui parle de «faute grave» qui n'a jamais été définie et qui donne latitude à ceux qui sont sanctionnés de recourir à la justice. En attendant le sport algérien est toujours à la recherche de son embellie.