Les promesses pour le professionnalisme buttent sur une réalité pas du tout reluisante. Le sport national va à la dérive. Il nage à contre-courant. Au pied de la falaise, il tente de prendre le large en voulant défier les ressacs. Telle une vieille mégère dont les cris s'entendent à mille lieues, il se débat dans une crise sans pareille. La Fédération algérienne d'athlétisme (FAA) vient d'être suspendue par la Fédération internationale d'athlétisme (Iaaf) pour ingérence politique dans la gestion de la fédération. Une décision prise à la suite de la suspension du président et des membres du comité exécutif de la Fédération algérienne par Yahia Guidoum, ministre de la Jeunesse et des Sports (MJS). En plus clair, l'Algérie ne peut, pour l'instant, aligner aucun de ses athlètes dans les compétitions internationales. Ceci vient confirmer le malaise prévalant depuis près d'une décennie au sein du mouvement sportif national, considéré, durant longtemps, comme le porte-drapeau de l'image nationale. Sans prendre la peine d'avancer la moindre preuve, le ministre, sans y aller avec le dos de la cuillère, a accusé l'ensemble du mouvement sportif national de dilapidation des deniers publics, fruit des subventions de l'Etat, voire détournés de leur vocation pour servir des intérêts personnels. Des griefs retenus, entre autres, contre la FAA, l'Iaaf les rejette d'un revers de la main. Dans une lettre-réponse adressée au MJS, Lamine Diack, président de l'Iaaf, souligne: «Après analyse des documents que vous avez portés à ma connaissance, je n'ai décelé, nulle part, la preuve irréfutable de l'existence d'une faute lourde qui pourrait justifier les sanctions que vous avez prises et encore moins la prévalence d'une situation de blocage des structures de la fédération, qui aurait pu faire conclure au caractère inévitable de votre intervention». De ce fait, comme dit l'adage «rien ne sert de courir...» et il ne faut pas confondre «vitesse et précipitation» comme il se dit dans le jargon sportif. Et à Lamine Diack d'ajouter, concernant la démission des six membres de la FAA, «il aurait suffi de mettre en oeuvre la procédure de leur remplacement par des suppléants, ce qui, sauf erreur, n'a pas été fait». C'est ce qui s'apparente à une leçon de droit en bonne et due forme d'autant que Lamine Diack souligne: «Le recours à de tels procédés est d'autant plus inacceptable, qu'aucune des personnes incriminées, n' a eu la possibilité de s'expliquer sur les faits qui lui sont reprochés». Or, sur ce point, la justice est claire et stipule «tout accusé demeure innocent jusqu'à preuve de sa culpabilité». Quant à la baisse du niveau des athlètes algériens en raison, selon Yahia Guidoum, d'un encadrement inadapté ou insuffisamment compétent, le président de l'Iaaf rétorque «il me semble que l'analyse des motifs qui sont à son origine devrait porter sur une période plus étendue que le mandat d'une seule équipe dirigeante». Comme quoi, c'est à la fin d'un mandat que le bilan se fait. Question de bilan, le ministère de la Jeunesse et des Sports a beaucoup de choses à revoir. Lors de sa réunion avec les présidents des fédérations, au début de l'année, Yahia Guidoum avait rendu public son programme d'action axé sur 17 points. La réunion a permis, avant tout, aux responsables du MJS de faire un constat des lieux au quintuple points de vue des infrastructures sportives, des athlètes et de leur encadrement, des textes légaux et réglementaires, du financement et de la formation. En matière d'infrastructures, tout ce que l'Algérie compte en stades, en salles omnisports, en piscines, etc. a été énuméré. On a également longuement parlé de tous les projets que l'on compte lancer dans le cadre du plan quinquennal 2005-2009 et ceux qui sont en cours de travaux ou en voie d'achèvement. L'accent a été mis sur les défaillances touchant la maintenance de ces installations pour lesquelles l'Etat a fait un gros effort financier. On apprendra, par ailleurs, que les stades de football ne comporteront plus de pistes d'athlétisme. Pour cette discipline, on construira des stades spécialement conçus pour elle. Une année après, au lieu de passer à l'acte, on sanctionne.