L'unique coopérative agricole de la wilaya, celle qui détient l'essentiel de l'outil de transformation du raisin de cuve, les caves, vient d'être étêtée. En effet, son conseil de gestion a été dissous par le wali et remplacé par un autre qui a pour charge de préparer une assemblée générale dans les six mois, une AG dont sera issu un nouveau conseil de gestion. Quant au gestionnaire, il n'a pour mission que de traiter les affaires courantes. Pourquoi ce changement à la veille des vendanges ? Précisément parce que les autorités ont été rassurées sur le sort de la production du fait que tout le raisin va être acquis par les transformateurs, qu'il n'y aura en conséquence pas de remous à craindre de la part des agriculteurs et que de ce fait, le rapport de force n'est plus en faveur du conseil de gestion en place. A cet égard, il y a lieu de savoir que la COPEVIT est actuellement détenue par seulement 62 sociétaires, ils se font appeler ainsi plutôt que coopérateurs, à l'exclusion de près de 2 000 viticulteurs. En effet, la création de cette coopérative est intervenue en pleine période du terrorisme, alors que l'interdit sous peine de mort menaçait la pratique de la vini-viticulture et que l'avenir de cette spéculation était bouché, ce qui explique le peu d'engouement des viticulteurs à la rejoindre à cette époque. Néanmoins, suite à la relance de la viticulture dans les années 2000, comme aux difficultés d'écoulement de la surproduction, l'outil de régulation que pouvait constituer la COPEVIT a été défaillant pour des raisons objectives, mais également parce qu'il s'était transformé en source de rente que disputait aux « sociétaires » un autre lobby soucieux de récupérer une partie de la rente. Pour sortir de la crise, il avait été demandé au conseil de gestion d'élargir le nombre des coopérateurs sur la base d'une participation de 1 000 DA selon la réglementation. Le refus opposé à cette proposition était basé sur le fait que la participation devait être calculée sur la base de la valeur acquise par les 62 parts dont disposent les sociétaires de la COPEVIT. Cette situation de blocage a eu pour conséquence directe d'aggraver la dégradation et l'obsolescence des caves, ce qui menace l'avenir de la viticulture. Aucun investissement pour la réhabilitation du patrimoine n'a pu être engagé, d'autant que les banques refusaient leur concours dans la mesure où la question de la propriété de ce patrimoine n'était pas réglée, ce qui constituait d'ailleurs une arme dont disposait l'administration en refusant la délivrance d'un titre de propriété, laquelle délivrance était conditionnée par celle d'un agrément par la wilaya. Cette brèche est ce qui a permis précisément à l'administration de recourir à la réglementation pour dissoudre le conseil de gestion en place. Maintenant que la possibilité d'impliquer toute la profession sur le sort de la viticulture, de l'organiser enfin autour de ses intérêts et de l'armer face à des transformateurs qui ont profité de la situation à son détriment, pour d'aucuns, la question se pose de savoir si l'on ne risque pas de tomber de Charybde en Scylla. En effet, il y a un risque certain que le lobby adverse de l'ex-conseil de gestion retourne la situation en sa faveur, cela d'autant que la DSA a ouvert le droit de participation même aux producteurs de raisin de table, ce qui constitue une aberration car ils ne sont pas concernés par la transformation puisqu'ils ne produisent que pour le marché en frais. Par ailleurs, si les agriculteurs non producteurs de raisin sont exclus, quel sort est réservé aux 62 sociétaires qui ne sont plus producteurs de raisin ?